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Burkina Faso : les limites de la stratégie des tranchées

30 août 2024

Pour limiter les points d'entrée pour les assaillants, l'armée creuse des tranchées. Mais le 24 août, cette initiative a été fatale pour les habitants de Barsalogho.

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Le BurkinaFaso est aujourd'hui étranglé par les groupes jihadistes liés à Al-Qaïda ou au groupe Etat islamique
Le BurkinaFaso est aujourd'hui étranglé par les groupes jihadistes liés à Al-Qaïda ou au groupe Etat islamiqueImage : AFP

Les victimes de Barsalogho, dans leur immense majorité, sont des civils, selon plusieurs sources locales. Les images qui ont circulé après l'attaque montrent des dizaines de corps gisant dans une tranchée. à côté, des hommes habillés en civil et entourés de pelles et de pioches.

Un ressortissant de Barsalogho a affirmé, au magazine Jeune Afrique, que l'attaque a eu lieu à au moins trois kilomètres du village et que la population a été forcée de participer aux travaux de tranchées.

Pour Ahmed Diemé, consultant sur les questions de conflits dans le Sahel, chaque camp considère que la population est son ennemi ou son complice.

"Pourquoi impliquer des civils pour creuser des tranchées ? Apparemment, ça ne doit pas être volontairement que ces populations l'ont fait, parce que creuser des tranchées c'est un acte fondamentalement de guerre, c'est un acte militaire.", dit-il.

"C'est quand même très curieux que les civils soient appelés à creuser ces tranchées dans ces conditions et surtout de façon aussi inconséquente, puisque quelque temps après, on massacre ces mêmes civils qui creusaient ces tranchées.", a deploré Diemé. 

Une violente attaque samedi 24.08.2024 à Barsalogho a été revendiquée par le JNIM, acronyme arabe du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaïda
Une violente attaque samedi 24.08.2024 à Barsalogho a été revendiquée par le JNIM, acronyme arabe du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-QaïdaImage : Sophie Garcia/AP Photo/picture alliance

Un choix qui ne fait pas l'unanimité

Selon plusieurs témoignages, la réticence des habitants à prendre part aux travaux s'expliquerait par les attaques perpétrées récemment contre les localités de Gourcy et Pissila, prises pour cible par les djihadistes, alors que justement les habitants y creusaient là aussi des tranchées.

Ces tranchées, voulues par le chef de la junte au pouvoir, le capitaine Ibrahim Traoré, sont loin de faire l'unanimité. Le Collectif des victimes de Barsalogho a, dans son communiqué, dénoncé, je cite, ‘'la conséquence d'un choix de méthode du gouvernement qui, jusque-là, apparait plus que hasardeux, notamment celui des tranchées''... fin de citation.

"J'exprime une grande inquiétude face à cette situation sécuritaire"

Ousmane Amirou Dicko, émir du Liptako, également président du Conseil des chefferies coutumières et traditionnelles du Sahel, exprime un sentiment de tristesse et d'incompréhension à la suite du massacre de Barsalogho.

"Je condamne avec la dernière énergie toutes les tueries de populations innocentes, civiles et militaires dans notre région de Liptako-Gourma. Je condamne également et j'exprime une grande inquiétude face à cette situation sécuritaire qui se dégrade dans la sous-région.", regrette Dicko. 

Le mois d'août a été particulièrement sanglant au Burkina Faso. Le 9 août, un convoi de véhicules militaires, dans l'est du pays, a été attaqué. Au lendemain de l'attaque de Barsalogho, plusieurs publications sur les réseaux sociaux ont aussi fait état de 20 à 30 morts dans la localité de Kounla, dans l'ouest du pays.