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Des mercenaires russes bien présents en Libye

7 mai 2020

La présence de combattants russes, proches de Vladimir Poutine, viole l'embargo de l'ONU. Ces paramilitaires du groupe Wagner combattraient aux côtés de Khalifa Haftar contre les troupes de l'armée libyenne.

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Libyen Fortschritte bei Verhandlungen über Waffenstillstand ARCHIV
Image : picture-alliance/Xinhua/A. Salahuddien

"Les Russes ont décidé aussi d’être présents avec leur propre société" (Roumania Ougartchinska)

L'enquête des experts de l'Onu est une mise à jour de leur rapport annuel de décembre dans lequel était déjà signalée l'existence de groupes armés étrangers dans le conflit, venus du Tchad et du Soudan, mais qui ne mentionnait pas à l’époque les mercenaires russes. Cette présence russe avait pourtant déjà été révélée par des médias américains. 

Ils seraient 800 ou 1.200 combattants, difficile de savoir combien exactement, et seraient présents sur le territoire libyen depuis octobre 2018. 

La présence des paramilitaires du groupe russe Wagner irrite. D'ailleurs, elle semble aussi gêner le Kremlin qui a toujours démenti toute implication dans ce dossier.

Roumania Ougartchinska, auteure de "Pour la peau de Kadhafi", revient explique que "Wagner est une société militaire privée comme il en existe beaucoup d’autres ces dernières années. Dans la mesure où beaucoup d’Etats se livrent à ces guerres par leur intermédiaire et ne souhaitent pas engager leur propres troupes et être visibles dans les conflits, on passe par des sociétés privées".

Selon Roumania Ougartchinska, les "Russes ont décidé aussi d’être présents avec leur propre société" car le marché de la sécurité est juteux, puisqu'il "représente deux à quatre milliards d’euros. Wagner serait sous contrôle indirectement de monsieur Prigojine qui est un proche du Kremlin. Quant aux soldats qui sont recrutés, il y a des Russes mais il y a aussi des Ukrainiens, des Moldaves, des Serbes".

Le président russe Vladimir Poutine et son homologue Recep Tayyip Erdogan de la Turquie lors de la conférence de Berlin sur la Libye en Janvier 2020.
Le président russe Vladimir Poutine et son homologue Recep Tayyip Erdogan de la Turquie lors de la conférence de Berlin sur la Libye en Janvier 2020.Image : picture-alliance/AP Photo/Turkish Presidency Press Service

 Une mission difficile pour l'Onu 

Outre les paramilitaires de Wagner, la présence de mercenaires d’autres nationalités dans le conflit libyen est également dénoncée. 

Des combattants syriens seraient par exemple présents pour soutenir le Gouvernement d'union nationale à Tripoli, adversaire du maréchal Haftar que soutient Wagner. 
Ceci alors que l’Onu est toujours en quête d’un médiateur pour gérer le conflit.

Selon l’éditorialiste Majed Nehme, la marge de manœuvre de l’Onu dans cette crise reste très faible.

Il estime que les Nations unies ne peuvent rien faire au vu des rapports de force sur le terrain: "On a fait la guerre contre l’ancien régime [Kadhafi, en 2011] au nom de l’Onu. On est intervenu soit-disant pour protéger le peuple libyen. Maintenant tout le monde se comporte pour se protéger contre le danger que constitue la Libye vis-à-vis des intérêts occidentaux, que ce soit sur le plan de l’immigration clandestine, le trafic, la drogue, le terrorisme".

Dans un récent rapport au Conseil de sécurité  le Secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres, a dénoncé la présence étrangère en Libye en violation de l'embargo sur les armes décrété en 2011, sans pour autant recommander de sanctionner les responsables présumés.
 

DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique