Les Syriens et Erythréens en Allemagne se disent heureux
27 mai 2021Quelque 790 000 Syriens et 74 000 Érythréens sont arrivés en Allemagne entre 2013 et 2019. 1 500 d’entre eux ont été suivis dans le cadre d’une vaste étude menée par l’Institut allemand pour la recherche démographique (BIB) et l’Office fédéral pour la migration et les réfugiés (BAMF). L’enquête s’est notamment penchée sur le niveau d’intégration et d’adaptation des étrangers à leur nouvel environnement.
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L’une des principales conclusions est que la majorité des Syriens et des Érythréens se disent "satisfaits ou très satisfaits" de leur vie en Allemagne.
Ils affirment également profiter d’un bon réseau social et estiment profiter d’un réel cercle d’amis et de connaissances. Ce sentiment de satisfaction est particulièrement élevé lorsque des Allemands font partie de cet entourage privé.
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"Etre en contact avec des membres de la famille, des amis, des connaissances ou encore des bénévoles améliore de manière significative le processus d'arrivée des femmes et des hommes qui ont fui la Syrie et l'Érythrée", explique Anja Stichs du centre de recherche du BAMF. La chercheuse rappelle cependant qu’il a été compliqué pour les personnes interrogées de trouver en premier lieu ces réseaux de contacts et de développer.
Actuellement, près de 17 % des étrangers vivant en Allemagne sont des immigrés originaires de régions en crise au Moyen-Orient et en Afrique. Les Syriens constituent la troisième plus grande population étrangère en Allemagne, alors que l'Érythrée est le deuxième pays d'origine africain le plus important après le Maroc.
Les Erythréens et les Syriens intègrent plutôt facilement le marché du travail
D'autres conclusions ont été tirées de l'enquête du BAMF :
- La décision de partir : selon l’étude, les Erythréens ont tendance de prendre seuls la décision de quitter leur pays, alors que les Syriens font ce choix plutôt en groupe, notamment pour les femmes.
- La route migratoire : une fois la décision prise, le voyage se fait la plupart du temps en groupe.
- Le marché de l’emploi : les Erythréens intègrent plus facilement le marché du travail allemand que les Syriens. Parmi les Erythréens, 61% des hommes et 14% des femmes ont trouvé un emploi, contre respectivement 50% et 6% chez les hommes et femmes syriens. L’une des explications est que les Erythréens travaillent davantage dans les secteurs d’activité à très bas-salaires.
- Famille : la majorité des personnes interrogées vivent en Allemagne avec leurs conjoints et leurs enfants. Les relations transnationales ou les enfants vivant à l'étranger sont l'exception. Une partie de la famille élargie vit également souvent en Allemagne. Chez les Syriens, il s’agit généralement de frères et sœurs ainsi que des parents.
- Liens avec le pays d'origine : les femmes et les hommes syriens entretiennent des contacts réguliers avec les membres de leur famille vivant à l'étranger, que ce soit par téléphone, par mails ou via les réseaux sociaux. Chez les Erythréens en revanche, ces contacts sont rares.
- Soutiens : le soutien, notamment financier, entre proches, circule généralement de l’Allemagne vers les pays d’origine. L’inverse est plus rare.
- Cercles restreints : en moyenne, les personnes interrogées entretiennent des relations étroites avec seulement quatre à cinq personnes en Allemagne. Les Syriens ont cependant un entourage proche plus important que les Érythréens.
- Cercle familial : les membres de la famille représentent les principales personnes de confiance en Allemagne, notamment pour les femmes de Syrie.
Des parcours migratoires différents
D'après l'enquête, les Syriens et les Érythréens parviennent en Allemagne par des chemins très différents.
Alors qu'environ la moitié des Syriens interrogés affirment ne pas avoir voyagé plus de trois mois pour arriver en Allemagne, la migration des Erythréens est marquée par des séjours très longs - parfois plus d’un an - en passant par des pays de transit avant la destination finale. Deux tiers des migrants érythréens ont ainsi voyagé pendant plus d’un an avant de réussir à rejoindre l’Allemagne, contre un tiers des Syriens.
Par ailleurs, la majeure partie des personnes interrogées disent avoir quitté leur pays d'origine en raison d'un conflit armé, par peur d’être enrôlé de force dans l’armée, à cause de persécutions politiques, ethniques ou religieuses. Parmi les autres raisons on trouve des motifs d’ordre familial, notamment les inquiétudes quand à l’avenir des enfants.