Les Tchadiens aussi ont des droits fondamentaux
10 décembre 2020Le monde célèbre ce jeudi (10.12.2020) la journée internationale des droits de l'homme. Chacun a le droit de bénéficier de services de santé de bonne qualité. Malheureusement, au Tchad, l'accès à la médecine est inégalement réparti. Les plus pauvres ont du mal à se soigner.
Devant le centre de santé d’Abbena, dans la commune du 7e arrondissement de la ville de N’Djamena, Françoise Allayame, une jeune mère de 27 ans, vient de sortir de cet hôpital avec son fils âgé de trois ans.
Elle raconte que par faute d’argent, "j'ai commencé par soigner mon fils à la maison depuis avant-hier mais ça n’a pas marché."
La jeune mère explique que "c’est mon grand frère qui nous a aidés à emmener l’enfant ici. Il a le paludisme, la fièvre typhoïde et est anémié. Je suis une femme à la maison et mon mari ne travaille pas. C’est difficile pour nous d’amener un enfant à l’hôpital directement lorsqu’il tombe malade."
Même préoccupation pour Naomi Achta. Elle aussi pratique l'automédiacation.
"Vous savez, le prix des médicaments de rue est dix fois moins cher que celui des produits dans les hôpitaux. La population tchadienne est à majorité pauvre, démunie. Vous voulez que les gens fassent quoi s’ils n’ont pas les moyens pour aller à l’hôpital ? Même si je suis malade et tant que mon état de santé ne s’aggrave pas, je vais me soigner à la maison", témoigne Naomi Achta.
La ruée vers les médicaments de la rue inquiète
Les professionnels de la santé tirent la sonnette d'alarme quant aux méthodes d'automédication car cela entraine des complications.
"Dans la population tchadienne, beaucoup n’ont pas de moyens financiers. C’est pourquoi les malades s’intoxiquent avec les médicaments de rue avant de venir nous voir. Mais souvent, lorsque les malades viennent à l’hôpital, c’est à un stade tardif et l’anémie s’est installée", confirme Maïna Adoum Ngaré, responsable du centre de santé d’Abbena.
Il ajoute que"quand on examine ces malades ils ont le foie ou la rate qui ont augmenté de volume. Mais tout cela est dû peut-être à un problème de sensibilisation. Certains Tchadiens ne savent pas que le traitement du paludisme est gratuit au niveau des centres de santé."
Mais en plus des réticences des Tchadiens à se rendre dans les hôpitaux, la situation sanitaire est encore plus préoccupante dans les zones rurales où les structures de santé sont rares et les populations n’ont d’autres choix que de se soigner avec des médicaments traditionnels.
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