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Liberté de la presseGabon

Attaques contre la liberté de la presse au Gabon

Sidella Nymane
27 octobre 2023

Deux mois après le coup d'Etat au Gabon, des journalistes sont pris pour cible. Certains ont même été arrêtés et sanctionnés après des articles dérangeants.

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Afrika Pressefreiheit l Symbolbild l Journalist l Mali l Radiostation
Image : Michele Cattani/AFP via Getty Images

Près de deux mois après le coup d'Etat militaire, la liberté de la presse est menacée au Gabon. Au cours du mois d'octobre, plusieurs journalistes ont été arrêtés ou encore sanctionnés pour avoir rapporté des faits critiques en lien avec de hautes personnalités. Cela a commencé dès le début du mois, quand plusieurs journalistes du Gabon Media Time ont été interpellés sur ordre du procureur après avoir fait un reportage qui le mettait en cause. Ils ont ensuite été libérés après avoir passé 24 heures en garde à vue.

Mobilisation des journalistes

Cette semaine, des dizaines de journalistes se sont cette fois mobilisés après la suspension du média en ligne Dépêches241. La sanction est intervenue après un article dans lequel ce média décrivait la mauvaise gestion financière de l'ancienne présidente de la Cour constitutionnelle, Marie-Madeleine Mborantsuo. Celle-ci a quitté son poste en septembre dernier, après 32 ans passés à la tête de cette institution.

Le Général Brice Oligui Nguema
Les actions des autorités semblent aller à l'encontre des déclarations rassurantes du général Brice Oligui Nguema sur la liberté de la presseImage : AFP/Getty Images

Pour justifier la suspension de ce média, l'organe de régulation de la communication a évoqué le fait que Dépêches241 ne possède pas d'autorisation de parution, un document que la Haute autorité de la communication est la seule à pouvoir délivrer. Le directeur de publication de Dépêches241, Pharel Mouketou, dénonce ce qu'il considère comme de l'acharnement. "Nous avons été entendus sur une question de reportage, mais la Haute autorité de la communication a fait le choix de statuer sur la forme et non sur le fond", insiste-t-il. "On nous parle pas du fond, de l'article, mais de la supposée non-réglementation de notre organe de presse, ce qui est complètement ahurissant."

"Museler les médias en ligne"

Au moment de l'audition des responsables de ce média en ligne, ceux-ci auraient été par ailleurs traités de  "journalistes effrontés" et de "criminels". Des faits qui semblent bien loin des propos tenus dès la prise de fonction du président de la transition, le général putschiste Brice Oligui Nguema. Durant une rencontre avec la presse nationale et internationale, il avait déclaré : "n'ayez plus peur d'écrire, écrivez sans crainte".

Pour Markky Edzang Zué, journaliste d'investigation, la Haute autorité de la communication voudrait s'en prendre aux médias en ligne du pays. "Je le dis sans ambages, la HAC cherche simplement à museler les médias en ligne parce que les médias qui donnent un peu le tournis aujourd'hui ce sont les médias en ligne, c'est tout ce qui tourne autour d'internet", assure-t-il. 

Une pétition dans le but de dissoudre la HAC et de mettre en place une autorité de transition a été lancée par quelques journalistes gabonais. Mais certains spécialistes des médias estiment qu'il y aurait dans ce domaine des problèmes plus urgents à régler, comme, par exemple, la formation des journalistes ou encore les subventions aux médias.