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L'opposition camerounaise appelle à des manifestations

21 septembre 2020

Maurice Kamto ainsi que d'autres personnalités de l’opposition appellent "les Camerounais à descendre dans la rue" pour exiger un cessez-le-feu dans les régions anglophones.

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Le chef de file de l'opposition camerounaise Maurice Kamto met la pression sur le régime de Yaoundé
Le chef de file de l'opposition camerounaise Maurice Kamto met la pression sur le régime de YaoundéImage : Gety Images/AFP/S. De Sakutin

Au Cameroun, Maurice Kamto, le principal opposant au régime du président Paul Biya, ainsi que d'autres personnalités de l’opposition appellent "les Camerounais à descendre dans la rue" pour exiger un cessez-le-feu dans les régions anglophones. 

Selon Maurice Kamto, le pouvoir de Yaoundé doit demander aux forces armées et de sécurité de suspendre leurs opérations afin de donner une chance aux négociations entre les sécessionnistes et le pouvoir de Yaoundé. Écoutez et lisez son interview ci-dessous. 

"Le gouvernement pourrait parfaitement faire déclarer un cessez-le-feu unilatéral"

Maurice  Kamto qui était  officiellement arrivé deuxième à la présidentielle de 2018, avait été arrêté en janvier 2019 à l'issue d'une marche contestant le résultat du scrutin. Il avait été libéré par M. Biya neuf mois plus tard, après une forte mobilisation internationale.
Fin août, l'opposant avait menacé d'organiser des manifestations si le président Biya, au pouvoir depuis 1982, organisait des élections régionales, réclamant notamment que le conflit indépendantiste dans les zones anglophones soit réglé.

Dans les deux régions à majorité anglophone du Cameroun, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, l'armée affronte des indépendantistes depuis 2017, et les deux camps sont accusés d'exactions contre des civils.

DW: Les violences dans les régions anglophones durent depuis 2016, le gouvernement et les sécessionnistes refusent de négocier. Pourquoi, selon vous, un cessez-le-feu est-il difficile à obtenir?

Maurice Kamto : C'est un conflit qu'on aurait pu éviter. Et au lieu d'y faire face politiquement, le gouvernement a laissé la situation dégénérer puisque ce sont les forces de l'ordre qui ont tiré sur les populations. Les populations étaient les mains nues. Marcher avec l'arbre de paix dans les rues de Bamenda, de Kumba. Mais pourquoi est-ce qu'un cessez-le-feu est difficile? Il n'est pas du tout difficile à notre sens, parce qu'il est parfaitement possible. L'Armée nationale est toujours en position de force, l'État est toujours en position de force.

Le gouvernement peut parfaitement demander à l'armée de déclarer un cessez-le-feu unilatéral. Ce n'est pas un signe de faiblesse. Je dis que le gouvernement est toujours le plus fort et ce n'est pas celui qui est le plus fort qui doit démontrer sa force. Donc, [il devrait, ndlr] dire de faire rentrer les militaires dans les casernes pour une semaine ou deux, pour voir si les autres violent le cessez-le-feu. Parce que s'ils ne violent pas le cessez-le-feu, alors s'installe un cessez-le-feu de facto, à partir duquel on peut construire quelque chose. Voilà ce que nous préconisons. C'est pour cela qu'on dit: cessez le feu immédiat.

DW: Vous réclamez aussi une réforme du système électoral. Et puis vous dites que si ces deux objectifs ne sont pas satisfaits, vous appellerez à des manifestations pacifiques pour demander le départ du président Paul Biya. Pensez-vous pouvoir faire partir Paul Biya du pouvoir par la rue?

Maurice Kamto : Le fait est qu'aujourd'hui, les marches apparaissent encore comme les seuls moyens pacifiques. Ce sont les seuls. Vous voyez, ici on veut tourner en dérision. On nous a traités de petit parti et dit qu'on ne représentait rien, mais en même temps, on déploie toute l'armée nationale dans toutes les villes du Cameroun. Si cela ne traduit pas le fait qu'on a conscience que le peuple camerounais est insatisfait de la marche du pays, je ne sais pas ce que cela veut dire.

DW: Vous avez été arrêté en janvier 2019 à l'issue d'une marche contre le résultat du scrutin présidentiel. Vous avez été libéré neuf mois plus tard après une forte mobilisation internationale. Ne craignez-vous pas d'être de nouveau arrêté, en appelant les Camerounais à sortir dans la rue?

Maurice Kamto : Bien sûr, ce n'est pas exclu. Nous savons que nous pouvons être arrêtés, mais on ne nous arrêtera pas parce que nous avons enfreint une loi. On nous arrêtera parce que nous sommes sous un régime de dictature. Et la question est de savoir, quand on vit sous un régime comme celui-là, qu'est-ce qu'on fait? On croise les bras et on se tait et on vire en esclavage. Qu'est-ce qu'il y a de mal dans le fait que j'exprime mon désaccord avec la manière dont le Cameroun est géré? Avez-vous déjà vu une seule manifestation de mon parti, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun, dégénérer, bousculez même quelqu'un sur un trottoir? Jamais!

DW: Paul Biya est au pouvoir depuis 1982. N'avez-vous pas le sentiment de ne pas être suffisamment soutenu dans votre lutte par la communauté internationale?

Maurice Kamto : On peut regretter justement que l'Union africaine, qui a adopté une Charte africaine pour la gouvernance, la démocratie et les élections, ne puisse pas rendre effective cette charte des pays dans des régions de l'Afrique, où il y a eu des progrès extraordinaires ces dernières années en termes d'alternance démocratique, mais qui connaissent aujourd'hui des difficultés avec des troisièmes mandats ou d'autres choses. C'est cela qui retarde le continent, à mon avis, parce que ce que nous avons comme acquis n'est jamais un acquis.

Vous me donnez l'occasion de dire que l'Union africaine, qui a été la seule organisation à observer l'élection présidentielle de 2018, a dit dans son rapport que le code électoral devait être revu, qu'il y avait beaucoup d'insuffisances. Et une fois qu'elle a dit ça, elle n'a plus rien dit.

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