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L'UE va se déployer en Libye contre les livraisons d'armes

Rémy Mallet
18 février 2020

Les journaux allemands commentent l’accord trouvé lundi (17.02.2020) par l’Union européenne pour déployer des navires de guerre à l'est de la Libye afin d'empêcher les livraisons d'armes à ce pays. 

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Des navires de guerre seront envoyés fin mars dans les eaux à l'Est de la Libye.
Des navires de guerre seront envoyés fin mars dans les eaux à l'Est de la Libye. Image : pictur-alliance/dpa/Bundesverteidigungsministerium/BMVg

"L'accord conclu lundi par les ministres des Affaires étrangères de l'UE est un compromis classique", écrit la Tageszeitung. "A l'avenir, explique le journal, l'Union européenne doit à nouveau participer militairement à la surveillance de l'embargo des Nations unies sur les armes à destination de la Libye".
"Cependant, même si la mission se déroule effectivement comme annoncé, une question reste ouverte", note le journal de Berlin.

"Les navires européens peuvent-ils accomplir des actes au-delà du symbolisme, peuvent-ils réellement réduire sensiblement le nombre de livraisons d'armes aux belligérants libyens ?", s’interroge la Taz, indiquant au passage que les armes arrivent actuellement en Libye non seulement par la mer, mais aussi par voie terrestre et aérienne.

 L'émissaire de l'ONU pour la Libye Ghassan Salamé
L'émissaire de l'ONU pour la Libye a invité les pays à aider les Nations unies à contrôler le respect de l'embargo.Image : Reuters/D. Balibouse

"Le simple fait de surveiller ces livraisons et de dénoncer les pays d'origine ne changera pas la situation", conclut la Taz.
De son côté, la Süddeutsche Zeitung considère l’accord européen comme "un premier pas important pour aider à mettre en œuvre les promesses de la Conférence de Berlin" qui s’est tenue mi-janvier dans la capitale allemande. 

Manque de volonté politique contre la livraison d'armes en Libye 

Ce qui manque, souligne le quotidien de Munich, c’est la volonté politique pour faire front face aux pays qui violent l’accord, à savoir les Emirats arabes unis, l’Egypte, la Russie et la Turquie.

Par exemple, "personne n'est prêt à affronter ouvertement les Emirats, qui sont les principaux soutiens du général renégat et seigneur de guerre Khalifa Haftar", fait remarquer le journal qui rappelle également que l'année dernière, le gouvernement allemand a décidé d'étendre son partenariat stratégique avec les Emirats et que de nombreux autres Etats de l'Union européenne entretiennent des liens économiques et politiques étroits avec Abu Dhabi.

Pour être efficace, la Süddeutsche Zeitung souhaite que la mission de l'UE soit rapidement suivie par des sanctions en cas de violations de l'embargo sur les armes : "C'est le test qui permet de savoir si la communauté internationale est sérieuse pour mettre fin à la guerre".

Sceptique, la Frankfurter Allgemeine Zeitung ne croit pas que la nouvelle mission européenne changera quelque chose à la situation actuelle en Libye. 

Le quotidien de Francfort pointe du doigt notamment la Hongrie et l’Autriche qui ne voulaient pas voir de navires européens dans la région parce qu'ils pourraient alors accueillir des naufragés en mer. 

En effet, selon l’accord, s'il est constaté que la présence des navires a pour effet d'attirer des embarcations transportant des migrants, ils seront retirés de la zone.

Démantèlement d'un groupe d'extrême droite en Allemagne 

L'autre sujet qui a interessé la presse est le démantèlement vendredi du Groupe S, un groupe d’extrême droite qui projetait des attentats contre les mosquées en Allemagne.

Selon la Frankfurter Rundschau, dans une société qui évolue clairement vers la droite et dans laquelle des partis comme l'AfD empoisonnent le climat politique, il y a lieu d’être prudemment optimiste quant au récent succès des services de renseignement.

Pour sa part, la Süddeutsche Zeitung appelle à plus de protection pour les musulmans. Une protection qui pourrait s’articuler "par une présence plus fréquente de la police lors des prières du vendredi ou par le développement de mesures de sécurité avec les communautés de mosquées menacées." 
 

"En tant que citoyens, les musulmans ont droit à la protection de l'État", martèle le journal pour conclure.