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EconomieAfrique

Le M23 suit la piste des minerais en RDC

Jean-Michel Bos
30 octobre 2024

Depuis la reprise de leur offensive fin 2021, les rebelles du M23 progressent vers des zones minières du Nord-Kivu, riche en or et en coltan.

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Un combattant portant une mitrailleuse lourde avance au sein d'une colonne de rebelles du M23 aux alentours de Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu.
Une colonne de rebelles du M23 aux alentours de Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu.Image : Arlette Bashizi/REUTERS

En trois ans, le M23, soutenu par le Rwanda, est parvenu à occuper une bonne partie du Nord-Kivu, étendant son emprise dans cinq territoires sur six de cette province de l'est de la République démocratique du Congo : Rutshuru, Nyiragongo, Beni, Masisi et Walikale.

Selon les Nations unies, la zone d'influence du M23 est "la plus vaste jamais enregistrée, représentant une augmentation de 70 % par rapport à novembre 2023”.

La situation reste à ce jour confuse dans le territoire de Walikale, notamment autour de la localité dePinga, où des affrontements se poursuivent entre les rebelles du M23 et l'armée congolaise, soutenue par les milices locales wazalendo.

Les offensives du M23 obéissent néanmoins à une logique précise : le contrôle des minerais de la région, essentiellement de l'or, de la cassitérite, du coltan, du cobalt et des diamants.

Ainsi, après avoir conquis une partie des territoires de Rutshuru et Masisi, les rebelles se dirigent désormais vers le territoire de Walikale, dans la province du Nord-Kivu, connu pour son importante production de coltan. 

Début août, la médiation angolaise avait pourtant obtenu la signature d'un accord de cessez-le-feu entre le Rwanda et la RDC. 

Mais le 20 octobre, les rebelles ont repris l'offensive vers le Nord-Ouest et sont parvenus à occuper un certain temps la ville de Kalembe, avant d'être chassés par une contre-offensive des Wazalendos, et plus particulièrement des Nduma Defense of Congo Rénové (NDC-R) dont le chef, Guidon Shimiray Mwissa, un criminel de guerre, combat aux côtés de l'armée congolaise.

300.000 dollars par mois 

La ville de Kalembe est située sur un axe routier qui permet notamment d'accéder à d'importants gisements miniers.

"Le territoire de Walikale est très riche en minerais”, confirme Augustin Muhesi qui enseigne les sciences politiques dans le Nord-Kivu. "Si le M23 tient à occuper cet espace, c'est pour se doter d'une possibilité d'extraction des minerais pour pouvoir financer son entreprise belliqueuse.”

Selon les Nations unies, le M23 génèrerait déjà environ 300.000 dollars de revenus par mois grâce aux taxes prélevées sur la production de coltan dans les territoires de Masisi et de Rutshuru.

En avril 2024, après avoir encerclé la ville de Sake, un carrefour qui représente le dernier verrou avant Goma, le chef-lieu de la province du Nord-Kivu, le M23 s'était emparé de la ville minière de Rubaya, où se trouvent d'importantes réserves de coltan, un minerai stratégique pour la transition énergétique. 

Le gouvernement congolaisaccuse le M23 d'exporter la production des mines de Rubaya vers le Rwanda. Selon une organisation locale de la société civile, le M23 a distribué du matériel pour promouvoir la reprise de l'exploitation sur ces sites.

Selon le dernier rapport des experts des Nations unies sur la RDC, environ 3.000 à 4.000 soldats rwandais seraient présents sur le sol congolais, en soutien aux rebelles du M23 qui représentent environ 3.000 combattants.

"Ne se bornant plus à apporter un simple soutien aux opérations du M23 dans les territoires de Rutshuru, de Masisi et de Nyiragongo, les FDR (l'armée rwandaise) s'impliquent désormais directement et de façon décisive, ce qui a permis aux deux groupes (...) d'étendre rapidement leur territoire jusqu'aux rives du lac Edouard”, écrivent les experts.

Selon l'Acled (Armed Conflict Location & Event Data), une organisation qui recense les conflits dans le monde, le mouvement rebelle du M23 a été impliqué, depuis la reprise de ses activités en novembre 2021, dans près de 1.700 incidents violents qui ont coûté la vie à 1.746 personnes.

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Jean-Michel Bos Journaliste au programme francophone de la DW.JMBos