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Au Mali, trois mouvements armés fusionnent

9 février 2023

Ces groupes armés regroupés dans la Coordination des mouvements de l'Azawad invoquent la "volonté des populations du nord du Mali d'unir leurs efforts pour faire face à tous les défis".

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Cérémonie de signature de l'accord d'Alger le 15 mai 2015
Cérémonie de signature de l'accord d'Alger le 15 mai 2015Image : Habibou Kouyate/AFP/Getty Images

Les trois groupes armés ont "décidé de fusionner leurs mouvements en une seule entité politique et militaire", peut-on lire dans le communiqué dont la DW a obtenu copie. 

Il s'agit du mouvement indépendantiste, le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) et de deux autres autonomistes, le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA). Ces groupes qui ont combattu militairement les autorités de Bamako ont pourtant signé, en 2015, l'accord d'Alger.

Ils invoquent la "volonté des populations de l'Azawad, dans le nord du Mali, d'unir leurs efforts pour faire face à tous les défis", ajoute le communiqué. 

"Ces groupes ont décidé de se renforcer" (Djallil Lounnas)

Cette fusion ne surprend pas Djallil Lounnas, chercheur algérien et spécialiste de la mouvance djihadiste.

"Il y a maintenant, depuis un un an et demi, la poussée de l'Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS) qui a changé la donne. Les signataires ont d'ailleurs essayé, il y a une année de cela, de se mettre ensemble dans l'accord de Rome (un accord signé entre le gouvernement malien de transition et les groupes armés signataires de l’accord de paix en février 2022 dans la capitale italienne, ndlr), c'est-à-dire le cadre stratégique permanent pour justement faire face à la poussée de l'Etat islamique. Mais ça n'a pas bien fonctionné. Donc aujourd'hui, ces groupes-là, pour renforcer leur position et face aux difficultés de mettre en place l'accord d’Alger, ont décidé de se mettre ensemble", a expliqué Ie professeur associé des relations internationales à l'université al-Akhawayn, au Maroc et auteur de l'ouvrage "Le djihad en Afrique du Nord et au Sahel : d’Aqmi à Daech".

Indices

Pour sa part, l'ancien ambassadeur de France au Mali, Nicolas Normand, estime que des indices laissaient présager cette union. Il cite la récente rencontre des responsables de ces groupes avec Iyad Ag Ghali, chef touareg du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans. Celui-ci circulerait désormais librement dans la région de Kidal. Ce qui n'était pas le cas à l'époque de Barkhane. Sans oublier la rencontre entre la médiation internationale et les groupes armés signataires de l'accord de paix de 2015. 

"Un affrontement potentiel se prépare" (Nicolas Normand)

La rencontre qui a permis à ceux-ci de clarifier leur position. C'est pourquoi, Nicolas Normand redoute la radicalisation de ces groupes."Je crains que cette fusion des trois groupes armés soit un signe de cette radicalisation et des gens qui se préparent à un affrontement potentiel. Je ne pense pas qu'ils vont prendre l'initiative d'attaquer eux-mêmes l'armée malienne parce qu'ils auront le blâme de la communauté internationale. Celui qui commence les hostilités, évidemment, sera responsable et sera blâmé par toute la communauté internationale", soutient l'ancien diplomate français.

Les autorités maliennes de la transition n'ont pas encore réagi à cette fusion des groupes armés qui occupent plusieurs localités du nord du pays.

La Coordination des mouvements de l'Azawad avait déjà suspendu en décembre dernier sa participation aux mécanismes de mise en œuvre de l'accord de paix d'Alger. Idem pour la quasi-totalité des groupes armés signataires. Tous déplorent "l'absence persistante de volonté politique" de la junte au pouvoir. Fin janvier, la CMA a également annoncé son retrait de la commission chargée de finaliser le projet de nouvelle Constitution.