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Au Mali, les bases du dialogue sont posées, mais sans la CMA

2 février 2024

La liste des membres du comité de pilotage du futur dialogue inter-malien est désormais connue. Un comité de 140 membres voulu inclusif mais qui, en réalité, ne l'est pas.

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Des délégués à une conférence sur la transition au Mali en septembre 2020.
Après avoir mis fin à l’accord d'Alger signé en 2015 avec les groupes indépendantistes du nord du pays, longtemps considéré comme essentiel pour stabiliser le pays, les autoritaires militaires ont annoncé un dialogue inter-malien. Image : picture-alliance/AP

C'était une promesse du chef de la junte malienne, Assimi Goïta, à l'occasion de ses vœux de Nouvel An. Il avait alors promis de lancer un dialogue inter-malien pour la paix et la réconciliation. Aujourd'hui, les bases sont posées.

"Il ne saurait y avoir de victoires militaires pour imposer la paix à qui que ce soit. Il s'agit de population, il s'agit de communautés. Créer les conditions pour qu'elles puissent parler, c'est la meilleure voie pour aboutir à des solutions. Les autorités de la tradition n'ont même pas le choix", s'est réjoui l'ancien Premier ministre malien Moussa Mara.

"C'est comme ça qu'on met fin aux conflits. C'est comme ça qu'on crée les conditions d'une paix durable", a-t-il précisé.

Un dialogue non-inclusif

C'est une bonne initiative, sauf que tous les acteurs ne sont pas impliqués. Un président et son vice-président ou encore un rapporteur général et son adjoint figurent parmi les 140 membres du comité. Ils sont notamment issus des forces armées maliennes, de la magistrature, des partis politiques et de la société civile.

Les grands absents sont toutefois les représentants de la Coordination des mouvements de l'Azawad, la CMA. Ce qui fait craindre un comité de pilotage qui ne représente pas l'ensemble de la population.

Des représentants de la CMA lors d'une conférence à Bamako
Le comité de pilotage, qui vient d'être dévoilé brasse large mais sans le représentants de la CMA.Image : Habibou Kouyate/AFP/Getty Images

"Si l'accord d'Alger a pu réussir, on n'allait pas parler de dialogue inter-malien aujourd'hui. Je le répète, c'est à eux quand même de montrer des signes. Jusqu'ici, ils ne l'ont pas montré. Donc on ne peut même pas penser que ce sont eux les interlocuteurs pour faire la paix", a estimé le journaliste malien Mahamane Cissé.

Le processus de paix doit être inclusif

Pour l'ancien Premier ministre malien Moussa Mara, un dialogue pour la paix et la réconciliation, pour être représentatif et légitime, ne doit oublier personne, notamment les représentants de la CMA.

"Moi, je pense, et je l'ai déjà écrit, que le processus de paix doit être inclusif. Et quand on parle de paix, on doit parler avec ceux avec qui on fait la guerre. On doit trouver sous une forme ou une autre une place pour que la CMA puisse aussi être prise en compte. Mais je vais même aller au-delà de la CMA. Même les Maliens qui sont dans l'aventure terrorise. Il faut qu'on trouve les moyens de leur parler, parce qu'aujourd'hui, ces acteurs ont plus d'impact sur la sécurité que les groupes rebelles", a-t-il expliqué.

Toutefois, Moussa Mara tient à rappeler que des Touaregs sont présents dans ce comité de pilotage.

"Si vous regardez la composition, vous verrez énormément d'acteurs touaregs. Vous avez des Touaregs dans l'armée malienne et vous avez des Touaregs dans les groupes armés qui sont dans le processus. Il s'agit essentiellement de la CMA, et je pense que la CMA elle-même n'a pas vocation et n'a pas l'intention de dire qu'elle représente les Touaregs".

Le comité de pilotage sera présidé par l'ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga, originaire de Gao, dans le nord du pays.