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Macron menace de retirer les troupes françaises du Mali

31 mai 2021

Emmanuel Macron menace de retirer les troupes françaises du Mali si le pays cède à la "tentation" de l'islam radical. Réalité ou tactique politique ?

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Le président Emmanuel Macron lors de sa visite à Gao dans le nord du Mali en 2017
Le président Emmanuel Macron lors de sa visite à Gao dans le nord du MaliImage : Reuters/C. Petit Tesson

La France s'est toujours opposée au dialogue entre l'Etat malien et les groupes djihadistes. Mais le chercheur Aly Tounkara, de l'Institut d'études de sécurité de Bamako, rappelle que lors des différentes assises nationales, les Maliens ont exprimé le besoin d’un dialogue avec ces groupes.

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Un tel dialogue peut-il alors conduire le président Emmanuel Macron à retirer les troupes françaises du Mali ?  Non, estime le chercheur Aly Tounkara. 

"Je ne le pense pas : quand on regarde les différents enjeux auxquels la France fait face dans le Sahel, s'agissant de la sécurisation des firmes françaises - je pense à Areva, Total et d'autres - et s'agissant également de la lutte contre l’immigration clandestine. Dans le même temps, le combat contre les groupes radicaux violents serait aussi un moyen pour la France de se prémunir d'éventuelles attaques sur son territoire. De telles attaques pourraient être préparées par des groupes terroristes au Sahel. Donc tout cela explique, aujourd'hui, pourquoi un tel départ prématuré de l'armée française est une illusion", déclare Aly Tounkara.

Le président Macron accompagné de l'ancien président malien, Ibrahim Boubacar Keita, à Gao, en 2017
Le président Macron accompagné de l'ancien président malien, Ibrahim Boubacar Keita, à GaoImage : Reuters/C. Petit Tesson

Pression politique

Pour Mohamed Amara, enseignant-chercheur à la faculté des lettres et sciences humaines à l'université de Bamako et chercheur au Centre Max Weber de l'université Lyon 2, les propos du président français consistent à faire pression sur les Etats du Sahel car, selon lui, le Mali ne sera jamais un Etat islamique. 

"Je ne dis pas qu’il n’y a pas de courants religieux radicaux importants portés par des hommes influents au Mali. Si Al-Qaïda au Maghreb islamique s'est installée au nord du Mali, si l'Etat islamique s'est installé au nord du Mali, dans la zone des trois frontières, c'est parce qu'ils ont bénéficié d'une façon ou d'une autre d'une proximité religieuse. Mais il est difficile d’en conclure que le Mali est en passe de devenir un Etat islamique parce que, si plus de la moitié des Maliens sont musulmans, ils ne sont pas tous pratiquants", insiste Mohamed Amara.

Assimi Goïta est redevenu l'homme fort de la junte militaire qui a pris le pouvoir en août 2020
Assimi Goïta est redevenu l'homme fort de la junte militaire qui a pris le pouvoir en août 2020 Image : ORTM TV/dpa/picture-alliance

Un agenda politique en France ?

Le chercheur malien estime aussi que les déclarations du président Emmanuel Macron visent à rassurer les Français et rappeler, dans la perspective de l'élection présidentielle de 2022, que la présence des soldats Français dans le Sahel n’est pas éternelle.

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Enfin, c'est aussi une façon pour le président français de monter son désaccord avec le nouveau coup de force militaire au Mali qu’il a qualifié de "coup d’Etat dans le coup d’Etat."

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Emmanuel Macron fait savoir, au lendemain de la réunion de la Cédéao à Accra, que la tenue des élections au Mali en 2022 était une "priorité absolue".