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Mali : plus de 180 personnalités jugées pour corruption

Mahamadou Kane
4 juillet 2024

Au Mali, a débuté un procès pour crimes économiques et financiers visant essentiellement des personnalités politiques en exercice avant le putsch de 2021.

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La statue de la déesse de la Justice
Au Mali, une crise sécuritaire se double d'une crise humanitaire et politique profondeImage : Andreas Pulwey/picture alliance

Au Mali, un procès pour crimes économiques et financiers visant essentiellement des personnalités politiques qui étaient en exercice avant le putsch de 2021, a débuté lundi dernier, le 1er juillet, à Bamako.

La Cour d’assises spéciale jugera une cinquantaine de dossiers impliquant 181 accusés. Ceux-ci comparaîtront devant les juges, jusqu’à fin août, pour des faits d’"atteintes aux biens publics", de "blanchiments de capitaux", d'"escroquerie" ou encore de "faux et usage de faux".

D'anciens ministres, des directeurs de services, des opérateurs économiques ou encore des élus communaux sont visés par la procédure.

Ecoutez le reportage à Bamako...

Anciens responsables politiques

Parmi les 181 accusés se trouve par exemple Issiaka Sidibé, ancien président de l’Assemblée nationale à l’époque du président Ibrahim Boubacar Keïta. 

Celui-ci est impliqué dans une affaire de détournement présumé de fonds publics pour un montant de 17 milliards de francs CFA. A ses côtés et dans la même affaire, on trouve l’ancien directeur administratif et financier de l’Assemblée nationale, Mamoutou Touré, dit Bavieux, devenu entre-temps le président de la Fédération malienne de football.

Enfin, s’ajoute Modibo Sidibé, l’ancien secrétaire général de l’Assemblée nationale et du Conseil national de transition.

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Dans une autre affaire, celle de l’achat de l’avion présidentiel, en 2014, sont aussi cités les noms de Mahamadou Camara et Bouaré Fily Sissoko, tous deux anciens ministres d’Ibrahim Boubacar Keita. 

Tous sont mis en cause pour "atteinte aux biens publics", "délit de favoritisme" et "faux et usage de faux".

Moussa Guindo, magistrat et membre de la Convention des juristes du Mali, estime que "les peines au niveau de la Cour d’assises spéciale varient de cinq à 20 ans de prison, jusqu’à la peine de mort, il y a même des peines à perpétuité".

Lutte contre la corruption

Parmi les autres grosses affaires jugées, il y a celle dite des "ristournes des cotonculteurs" ou Bakary Togola, le "roi du coton", ancien président de la Chambre permanente d’agriculture du Mali, est soupçonné d’avoir détourné près de dix milliards de francs CFA.

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Pour Abdoulaye Guindo, bloggeur et coordinateur de la plateforme Benberé, ce procès pourrait marquer un tournant dans la lutte contre la corruption. Selon lui, "cette session est importante, dans la mesure où, de plus en plus, les Maliens doutaient de la capacité du gouvernement et notamment de la justice de lutter contre la corruption et la délinquance financière".

Nous avons tenté de faire réagir les proches ou les avocats des prévenus sur la procédure judiciaire qui vient de s’ouvrir. Ceux-ci indiquent qu’ils préfèrent attendre que la justice commence à se pencher sur le fond des accusations, avant de se prononcer.