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Inquiétudes des civils à l’approche du retrait de Kidal

Mahamadou Kane
24 octobre 2023

La Minusma a quitté lundi le camp d’Aguelhoc, en attendant son retrait de Kidal au Mali. La région est le théâtre d’une escalade militaire pour son contrôle.

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Réfugiés venant des villes de Gao, Kidal et Tombouctou, installés dans un camp de personnes déplacées à Sevare, au Mali (24.01.2023)
L’armée malienne est à une centaine de kilomètres de la ville stratégique de KidalImage : picture alliance/abaca/T. Julien

Au Mali, le calendrier de la remise des camps des Casques bleus de la Minusma aux autorités militaires de transition se précipite. Lundi (23.10.23), la Minusma a cédé le camp d’Aguelhoc dans la région de Kidal. C’est le second retrait dans la région de Kidal et le septième dans le pays. Il survient après que la Minusma a déjà quitté le camp de Tessalit, toujours dans la région de Kidal. Prévu pour être cédé en novembre, le camp stratégique de Tessalit a été livré ce week-end à l’Etat malien.

Mais tous les regards sont désormais tournés vers Kidal, fief des ex-rebelles touaregs, où l’emprise des forces onusiennes sur place devrait tomber entre les mains de l’armée malienne.

Déplacements des populations

Ce sont de violents combats qui opposent depuis plusieurs semaines l’armée malienne et une partie des groupes signataires des accords de paix, regroupés au sein du cadre stratégique permanent, le CSP, pour la récupération des camps de la mission onusienne, dans le nord du pays. Des affrontements qui ont, selon les acteurs humanitaires, provoqué des déplacements de certains habitants de la ville de Kidal.

Ecoutez le sujet de Mahamadou Kane, notre correspondant à Bamako

Une situation que déplore Amadou Aya du parti Codem, qui accuse la Minusma et dénonce ces remises « à la va vite » des camps des forces onusiennes dans le nord du pays. 

"Les populations se sentant en insécurité seront obligées de partir, déplore Amadou Aya sur la DW. Cela a pour conséquences une famine qui se dessine à l’horizon, mais aussi le manque des services sociaux de base. Voilà pourquoi les populations vont essayer de se réfugier dans les zones un peu plus sécurisées. J’estime que ce n’est pas une bonne chose de la part de la communauté internationale, elle doit se raviser afin que les pauvres populations civiles soient protégées."

Le retrait de la Minusma critiqué

Pour la bloggeuse de Tombouctou, Fatouma Harber, communément appelée Tinbuctu Woye sur les réseaux sociaux, les tensions actuelles entre l’armée malienne et les anciens rebelles du CSP ne profitent à personne.

"Pour moi, il ne sert à rien de créer ce climat délétère qui ne sert personne entre le Mali et une partie des groupes armés signataires. Je crois qu’il vaut mieux s’entendre."

Des combattants de la Coordination des mouvements de l’Azawad patrouillent dans la ville de Kidal (28.08.2022)
Les mouvements rebelles considèrent que la reprise des camps du nord par l’armée malienne est une violation des accords de 2014 et de 2015Image : SOULEYMANE AG ANARA/AFP/Getty Images

Pour la bloggeuse, "il est important que la Minusma respecte les textes pour le retour de la paix au Mali. Elle a fait dix ans au Mali. Il ne sert à rien de mettre du sable dans le couscous de paix en faisant ce type de retrait, en laissant le pays dans une situation plus délicate que celle que nous avons vécue en 2012". 

Avec cette accélération, pour des raisons sécuritaires, du calendrier de la Minusma dans la remise des camps à l’armée malienne, la situation humanitaire dans le nord du pays risque de s’aggraver dans les jours à venir en raison des combats qui pourraient survenir entre les FAMa, l’armée malienne, et les éléments du CSP, pour le contrôle de la ville de Kidal.