La Banque Agricole du Niger au bord de la faillite
4 janvier 2023Créée en 2011, la Banque Agricole du Niger(BAGRI) a suscité pourtant beaucoup d’espoir auprès des paysans dont elle est censée assurer le financement des activités de production. Jusque-là, pour accéder aux crédits bancaires, les organisations paysannes devraient procéder d’abord à un dépôt d’argent auprès de la BAGRI. Mais l’institution bancaire est aujourd’hui menacée de fermeture après la découverte d’un détournement d’environ 5 milliards de FCFA suite à une missiond’inspection ordonnéepar le président de la République Mohamed Bazoum.
Un scandale financier qui risque d’anéantir les paysans
Des organisations paysannes qui comptaient énormément sur la Banque Agricole dans le financement de leurs projets se voient aujourd'hui menacées, a notamment déclaré Almansour Mohamed, Secrétaire général des associations pastorales du Niger, à la DW.
"Il y a des producteurs eux-mêmes qui placent leurs argents en quête de crédits. Il y a des partenaires aussi qui contribuent, il y a même l’Etat. Donc c’est une Banque de développement agricole. Et ce qui vient de se passer ou ce qui se dit par rapport au détournement, c’est une affaire qui risque effectivement de tirer par le bas l’initiative à la base de la création de cette Banque Agricole".
Cette affaire qui défraie la chronique et enflamme les réseaux sociaux au Niger a permis aussi de révéler des pratiques peu orthodoxes dans la gestion de la Banque Agricole.
Les Nigériens sont indignés par la découverte, par exemple, d’un dépôt de plus de 4 milliards de Fcfa sur le compte d’un simple technicien de surface de la BAGRI.
Corruption et détournement de fonds publics
Des pratiques malheureusement devenues courantes dans le pays, dénonce l’association nigérienne de lutte contre la corruption à travers son président Mamane Wada.
"Cinq milliards de Francs, c’est énorme. Cela veut dire que les gens détournent sans crainte, sans se soucier des intérêts des populations alors que cette Banque intervient dans le domaine agricole. Nous pensons que c’est vraiment un acte criminel."
La Banque Agricole du Niger n’est pas à son premier acte de pratiques malsaines de détournement et de blanchiment de capitaux.
Déjà en 2015, un agent de la BAGRI réputé incorruptible avait dénoncé des pratiques similaires. Mais, mal en a pris dame Falmata Aouami qui, face à son refus de couvrir les forfaitures, avait été licenciée pour faute grave.
Aujourd’hui, la découverte des faits de corruption qui menacent la survie de la Banque Agricole semblent lui donner raison.