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"Le problème, c'est le système mis en place par Issoufou"

31 juillet 2023

Une interview avec le chercheur nigérien Bounty Diallo après les sanctions décrétées par la Cédéao contre le Niger suite au putsch.

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Niger: manifestation en soutien aux putschistes (30 juillet 2023)
Quel impact pour les sanctions de la Cédéao?Image : AFP/Getty Images

En plus d'une batterie de sanctions politiques et économiques imposées au Niger, les dirigeants de la Cédéao réunis dimanche 30 juillet en sommet extraordinaire menacent aussi d'utiliser la "force" si les putchistes ne rétablissaient pas le président Mohamed Bazoum dans ses fonctions.

Mais de nombreux Nigériens ne croient pas à un déploiement d'une force militaire de l'organisation régionale au Niger contre la junte militaire. Ce serait trop "risqué", estime Bounty Diallo, chercheur en sciences sociales à l'université Abdou Moumouni de Niamey.

Ecoutez ci-contre l'interview avec Bounty Diallo

 

Bounty Diallo: Je ne pense pas que ces militaires [putschistes nigériens] puissent obéir à ces injonctions [de la Cédéao]. Ils sont en train de lancer un certain nombre de choses susceptibles de leur attirer la sympathie de la population.
 

DW : Les sanctions de la Cédéao risque de peser sur le quotidien de la population.

La Cédéao a pris des sanctions contre le Mali, elle a fini par les lever. Elle a pris des sanctions contre le Burkina Faso, qui est dans la même situation que nous, un pays continental qui n'a pas de débouchés sur la mer, et elle a vu ce que cela a donné. Pourquoi le Niger serait-il une exception? Au bout d'une ou deux semaines, on va demander à la Cédéao de lever les sanctions. Je pense que c'est une illusion.

DW : Pensez-vous que les sanctions de la Cédéao n'auront aucune influence sur les militaires pour les obliger à retourner dans les casernes ?

Non, les militaires ne vont pas retourner dans les casernes. Le problème fondamental, ce n'est pas uniquement [le président destitué] Bazoum. C'est tout un système mis en place par [son prédécesseur] Issoufou. Même s'il n'est pas directement responsable, il cautionne ce qui s'est fait.

DW : Ne craignez-vous pas l'envoi d'une force de la Cédéao pour faire partir les militaires du pouvoir à Niamey?

Le problème, c'est que le président [destitué Bazoum] est avec les mutins. En cas d'attaque, ils risquent de le tuer.

DW : Pourquoi pensez-vous que les sanctions de la Cédéao ne seront pas efficaces ?

Non, elles n'amèneront pas les militaires à fléchir. Pourquoi le Mali et le Burkina n'ont-ils pas servi de cas d'école ?

DW : Pensez-vous que les militaires vont rendre le pouvoir rapidement aux civils ?

Non, je pense que pour éviter un éternel recommencement, il faudra procéder à une refondation de toutes les institutions.

Bob Barry Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@papegent