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Niger, encore des interrogations sur les évènements de Tamou

Mahamadou Abdoulkarim
28 décembre 2022

La Commission nationale des droits de l'homme a rendu public son rapport. Mais il y a encore des zones d'ombre sur le nombre de personnes tuées.

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 Un soldat se tient devant une maison endommagée dans le camp militaire de Bosso, le 17 juin 2016, suite aux attaques des combattants de Boko Haram dans la région.
L'attaque de Tamou a eu lieu le 24 octobre 2022Image : Issouf Sanogo/AFP/Getty Images

Deux mois après l’attaque terroriste qui a visé le poste de police de Tamou, dans la région de Tillabéry, dans la zone des 3 frontières près du Burkina Faso, la commission nationale des droits humains qui s’est auto saisie de ce dossier a finalement rendu public son rapport le mardi 27 décembre. Deux policiers ont été tués dans cette attaque qui s'est suivie d’une frappe aérienne de l’armée tuant 11 personnes,

Le rapport suscite des interrogations car n’apportant rien de nouveau sur le nombre de morts donné par le gouvernement nigérien. 

Les chiffres n’ont pas évolué sur le nombre de 11 morts que le gouvernement nigérien avait annoncé au lendemain de l’attaque terroriste.

La commission nationale des droits humains a aussi confirmé "qu’il n’y a eu aucun tir d’hélicoptère sur le site d’orpaillage. Les frappes aériennes sur un dépôt d’arme de groupes terroristes non loin du site d’orpaillage de Tamou dans l’après-midi du 24 octobre 2022 ont occasionné la mort de 11 personnes. Soit donc 6 décès, tous de sexe masculin retrouvés sur le lieu même de la frappe aérienne. Un (01) blessé transporté du lieu de la frappe au centre de santé intégré de Tamou où il a rendu l’âme soit au total 7 morts enterrés au cimetière de Tamou", a insisté Maty Elhadj Moussa, président de la commission nationale des droits humains. 

Un hélicoptère NH 90 Caïman du 3e Régiment d'Hélicoptère de Combat RHC se pose sur la PfOD (Plateforme Opérationnelle Désert) de Gao.
Pas de bavure de l'armée selon la Commission.Image : Frédéric Speich/LA PROVENCE/PHOTOPQR/MAXPPP/dpa/picture alliance

Des questions sur les circonstances des frappes

Le mouvement de la société civile, le M62, qui a parallèlement enquêté sur les évènements de Tamou, ne partage pas les résultats du rapport de la commission nationale des droits humains.

Selon Abdoulaye Seydou, coordonnateur du mouvement, "il y a encore beaucoup de points qui restent sans réponse, notamment les circonstances de cet évènement. En ce qui concerne notamment le fait que l’origine de l’opération était de pouvoir neutraliser les terroristes."

Il estime que "l’enquête n’a pas permis de donner des éléments à mesure d’être rassurer que véritablement l’opération qui a été déclenchée avait détruit, ciblée des terroristes et bombarder du matériel militaire n’est-ce pas caché par des terroristes." 

Un convoi militaire roule dans la ville de Bosso le 17 juin 2016 suite aux attaques des combattants de Boko Haram dans la région.
Deux jours d'enquête sur le terrain ont permis à la Commission de boucler son rapport.Image : Issouf Sanogo/AFP/Getty Images

L’exercice est pédagogique car il permet de s’accorder sur une chose : il y a eu atteinte à la vie humaine, estime en revanche l’acteur de la société civile Abass Aboulmoumouni.  

Pour lui, la commission nationale des droits humains a fait preuve d’équilibrisme. 

"La chose la plus importante ici à noter ce que le rapport se veut être un rapport du juste milieu quand on sait qu’ont assisté à des positionnements extrêmes par rapport à ces évènements-là, tant du point de vue côté société civile que gouvernement, quand les premières considèrent qu’il y a eu des boucheries humaines pendant que le gouvernement ne s’en tenait qu’à des victimes réduites à nombre de 7 individus plus des forces de sécurité soit au total 9 personnes tuées dans la matinée du 24 et au soir de la même journée par rapport à ces évènements", explique Abass Aboulmoumouni. 

Pour le M62 et d’autres organisations de la société civile, rien n’est encore terminé dans ce dossier dont elles n'acceptent pas les conclusions.   

Le mouvement de la société civile espère qu’une enquête internationale indépendante sera diligentée afin d'établir toute la vérité sur ces évènements de Tamou.