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"Il faut encourager les cultures fourragères au Niger"

12 août 2024

Interview avec Amadou Dangui, de l'ONG nigérienne Paix et développement, sur les moyens de limiter les difficultés des éleveurs, notamment en période d'inondations.

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Les inondations touchent en ce moment de grands pans du Sahel

Au Niger, la plupart des régions sont frappées par des pluies qui causent de nombreux dégâts. En fin de semaine dernière, la ministre de l’Action humanitaire et de la gestion des catastrophes a annoncé que 94 personnes avaient perdu la vie, noyés ou "dans l’effondrement d’habitations". Le nombre de sinistrés avoisine 140.000 personnes et près d’une centaine ont été blessées. Les autorités coupent aussi l’électricité par endroits "par mesure de sécurité". 

Or, la saison des pluies devrait durer encore jusqu’en septembre. Ce qui pose aussi des problèmes aux agriculteurs et aux éleveurs du pays, véritables piliers de l’économie. 

Mais ce que nous explique ici Amadou Dangui, trésorier de l’ONG Paix et développement et lui-même originaire d’une famille d’éleveurs de la région de Zinder, c’est que les difficultés rencontrées durant les inondations dans l'agro-pastoralisme ont en fait des racines plus profondes. C'est pourquoi il réclame de repenser le fonctionnement du secteur.

Les leçons des inondations en Afrique de l'Est

Interview avec Amadou Dangui

 

DW : Quelles sont les problèmes rencontrés par les éleveurs du Niger en période d'inondations ?

Le problème c'est que les animaux sont faibles à la fin de la période de soudure. Je parle ici des vaches, des chèvres, des gros ruminants, pas de la volaille ni du poisson.

 

DW : Pour remédier à cela, vous préconisez notamment de développer les cultures fourragères. En quoi est-ce que cela peut être une solution? 

Parce que les vaches sont maigres et affaiblies [au début de la saison des pluies]. Donc s'il y avait davantage de culture fourragère, toute l'année, les animaux auraient de l'embonpoint. Si les animaux sont en forme, même s'il y a de la pluie, cela ne fait rien.

On devrait aider les éleveurs agro-pastoraux qui sont des propriétaires terriens. On peut les accompagner pour qu'au lieu de produiredu mil, par exemple, ils cultivent du fourrage toute l'année [pour nourrir le bétail].

Autonomisation par l'élevage du bétail

DW: Selon vous, les réserves de fourrage pourraient aussi avoir un impact social, en évitant par exemple aux éleveurs les transhumances transfrontalières dangereuses ?

Premièrement, cela pourrait les sécuriser de se sédentariser. Une fois sédentarisés, ils scolariseront leurs enfants. Et naturellement, ils auront moins de problèmes. Ils pourront gérer leur lait sur le plan commercial et contrôler ainsi la filière lait. On ne peut pas booster la filière viande en étant en perpétuel mouvement. On ne peut pas non plus booster la filière lait en étant en perpétuel mouvement.

S'ils ne s'organisent pas, ce sont d'autres personnes qui vont faire cela à leur place. Par exemple, au Burkina Faso, ils ont créé le centre CMAP [Centre de multiplication des animaux performants] à partir duquel ils ont créé beaucoup de vaches laitières performantes.

 

DW: A chaque bouleversement politique, les investissements publics dédiés à l'agriculture ou l'élevage, kes fonds, sont alloués différemment.

C'est clair! Sur le plan développement rural, à chaque fois que de nouveaux dirigeants arrivent, au lieud e voir ce qui a été fait de bon, ils se mettent en tête que tout ce qu'on fait les autres était mauvais, qu'il faut tout détruire, même ce qu'il y a de positif.

 

DW: Quelles sont les incidences des inondations en milieu rural? Y a-t-il des risques de maladies d'autant plus forts ?

C'est évident. Tout autour des villages, c'est plein d'eau. Le choléra, les autres maladies découlent de là. S'il n'y a pas de mécanisme pour désinfecter, il va y avoir prolifération des moustiques. On le constate à l'oeil nu au niveau des centres sanitaires. 

Et puis les égouts, les mécanismes d'évacuation d'eau ne sont pas très développés dans les communes du Niger, ce qui accroît les risques de paludisme.