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Les sanctions de la Cédéao impactent aussi le Nigeria

Reliou Koubakin | Shehu Salmanu
23 août 2023

Depuis quelques semaines, la frontière Nigeria-Niger est fermée, entraînant ainsi des pertes en millions d’euros pour le nord du Nigeria et des pertes d’emplois.

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Nigeria Katsina | Coronakrise | Almajiri Vertreibung
Selon l’Onu, une intervention militaire aggraverait la grave crise alimentaire dans le nord du Nigeria Image : DW/Y. I. Jargaba

Le Nigeria et le Niger partagent 1.500 kilomètres de frontière, avec des populations affectées des deux côtés. Si le Niger est frappé par les sanctions de la Cédéao, les populations du Nigeria, la première économie africaine, ressentent aussi les effets de ces sanctions.

Ces mesures comprennent la fermeture des frontières, l'interruption de l'approvisionnement en électricité et la menace d'une intervention militaire. Des mesures qui passent donc mal au Nigeria, notamment dans les zones frontalières.

"C'est un moment très triste et tendu pour nous car il n'y a plus d’échanges entre le Nigeria et le Niger, raconte-t-il à la DW. C'est un problème sérieux, les résidents de la communauté frontalière souffrent de l’arrêt de l'approvisionnement en produits de base et en nourriture, que ce soit depuis le Niger ou bien en provenance du reste du Nigeria, et ceci par crainte de la contrebande vers le Niger. Et puis les bandits ont intensifié leurs activités et nous ne pouvons plus aller cultiver, c'est vraiment difficile pour nous."

La faim et l’insécurité menacent

Les chefs religieux et politiques du nord du Nigeria s’efforcent donc de trouver une sortie de crise au Niger.

Le Premier ministre nigérien de la transition entouré des leaders religieux nigérians (14.08.23)
Les leaders religieux nigérians interviennent pour une solution à la crise nigérienne Image : Gazali Abdou/DW

Pour Abu Saminu, qui fait du commerce entre les deux pays, les conséquences de la fermeture des frontières sont énormes.

Selon cet homme d’affaires, "les activités économiques dans cette région ont ralenti, la proximité de la frontière a été bénéfique pour nos entreprises, mais la crise au Niger a tout changé."

"Mon entreprise est presque à l'arrêt parce que la plupart de mes clients viennent du Niger, regrette Abu Saminu.  La chaîne d'approvisionnement a été interrompue à partir de Katsina. Ce qui nous dérange le plus, c'est la faim et l'insécurité. Nous sommes bloqués, malades et fatigués de la situation dans laquelle nous nous trouvons."

La fermeture des frontières depuis le début du mois fait perdre chaque semaine au nord du Nigeria des millions d’euros, selon le centre nigérian de réflexion Arewa Economic Forum. Les produits de première nécessité ont aussi augmenté.

Des frères devenus ennemis

Les populations vivant des deux côtés de la frontière peuvent difficilement se rencontrer depuis que les sanctions ont été imposées. Alors qu’elles partagent la même langue et la même culture.

Ibrahim Yusif, défenseur nigérian des droits des jeunes, craint pour le vivre-ensemble entre les deux communautés. 

"Nous qui vivons des deux côtés de la frontière ne sommes pas contents de cette situation, en particulier les jeunes, parce qu'elle nous a fait du mal en nous faisant perdre nos emplois", fait remarquer Ibrahim Yusif.

Le président nigérian Bola Tinubu au cours d’un sommet de la Cédéao à Abuja au Nigeria (10.08.23)
Les Sénateurs nigérians s’opposent à toute intervention militaire de la Cédéao présidée en ce moment par le président nigérian Bola Tinubu (en image)Image : Gbemiga Olamikan/AP/dpa/picture alliance

"Et la décision éventuelle de la Cédéao d'entreprendre une action militaire a fait de nous des ennemis pour les Nigériens, déplore ce militant nigérian. Si vous arrivez à passer au Niger, dès qu'ils réalisent que vous venez du Nigeria, ils vous considèrent comme un ennemi, contrairement à ce qui se passait avant la crise, où nous étions comme des frères." 

Outre le Nigeria, le Bénin a aussi fermé sa frontière avec le Niger qui dépend du port de Cotonou pour ses importations.