Pas d'accord à Hanoï entre Kim et Trump
28 février 2019Ils se sont rencontrés, ils ont discuté... et ils se sont séparés sans signer d'accord. Au lieu de la cérémonie de signature initialement prévue, les dirigeants américain et nord-coréen sont repartis chacun de leur côté. Néanmoins, cette nouvelle rencontre entre la Corée du Nord et les États-Unis n'a pas été inutile.
Les attentes étaient grandes pour le deuxième sommet entre Kim Jong Un et Donald Trump, après celui qualifié d'historique en juin à Singapour.
La déception est d'autant plus amère pour ceux qui espéraient des avancées, mais l'échec n'étonne pas Bruno Hellendorff, chercheur à l'institut Egmont à Bruxelles.
"Le premier sommet avait accouché d'une déclaration conjointe très limitée qui avait surtout la force du symbole. Maintenant, s'il y a échec, c'est parce que les deux dirigeants ont dû discuter de choses concrètes, tangibles et c'est là que les désaccords se trouvent."
Une dénucléarisation floue
Lors du sommet de Singapour, Donald Trump et Kim Jong Un s'étaient engagés à "travailler vers une complète dénucléarisation de la péninsule nord-coréenne".
Mais les deux parties n'avaient pas défini précisément ce qu'ils entendaient par ce terme, d'où leur divergence d'interprétation, selon Patrick Köllner. Il est directeur pour l'Asie à l'institut GIGA de Hambourg.
"Du point de vue nord-coréen, la dénucléarisation est un processus sur le long terme, à la fin duquel la péninsule coréenne tout entière doit être dénucléarisée. C'est pourquoi la Corée du Nord exige de ne plus être menacée par les États-Unis sur le plan nucléaire. Ce que les Américains entendent en revanche par ce terme, c'est uniquement l'arrêt complet et le démantèlement de toutes les installations nucléaires en Corée du Nord."
Maintien de sanctions américaines
Selon Donald Trump, les négociations ont achoppé principalement sur un point : Pyongyang réclamait la levée totale des sanctions en contrepartie du démantèlement de ses installations nucléaires à Yongbyon. Washington ne pouvait pas accepter, explique Patrick Köllner.
"Du point de vue américain, cela n'était pas suffisant. On suppose que les Nord-Coréens ont au moins un autre site nucléaire dans lequel ils enrichissent de l'uranium et il faudrait aussi le dévoiler pour obtenir à terme une dénucléarisation complète de la Corée du Nord."
Pour les États-Unis, la levée des sanctions est l'ultime étape du processus. Un processus dans lequel la communauté internationale devrait être davantage impliquée, estime pour sa part Bruno Hellendorf.
"Je pense que ce processus concentré sur la personne de Donald Trump et de Kim Jong Un est très instable et incertain et que si on veut quelque chose qui dure dans le temps, il faudra plus de visibilité, plus de participation de la communauté internationale."
Les discussions se poursuivent
Pour l'heure, un troisième sommet n'est pas à l'ordre du jour entre les États-Unis et la Corée du Nord, mais Donald Trump a promis que les discussions de travail se poursuivraient et que Kim Jong Un et lui étaient "plus proches aujourd'hui qu'il y a un an".
À l'époque, les deux dirigeants entamaient tout juste leur rapprochement diplomatique.