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PolitiquePologne

En Pologne se dessine le retour au pouvoir des pro-européens

Marco Wolter | Bernd Riegert | Avec agences
16 octobre 2023

Après les élections législatives, la Pologne se dirige vers la fin de huit années de règne du PiS, le parti conservateur eurosceptique et anti-migration.

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Des électeurs de l'opposition célèbrent les résultats
La Pologne, où le pouvoir reste proche de l'Eglise catholique, dispose d'une loi sur l'avortement parmi les plus sévères en Europe.Image : Omar Marques/Getty Images

En Pologne, après les élections législatives du dimanche 15 octobre, l'opposition centriste et pro-européenne revendique la victoire et obtiendrait la majorité au Parlement après le dépouillement de 80% des bulletins. Le scrutin a connu un record historique de participation : plus de sept électeurs sur dix se sont rendus aux urnes. 

Ce changement à la tête de la Pologne pourrait relancer les relations au plus bas entre le pays et l’Union européenne.  

Si les estimations sont confirmées, les divers partis d’opposition devraient décrocher la majorité au Parlement. A Bruxelles, l’espoir de renouer avec une relation moins conflictuelle est à nouveau permis.  

"Le changement de gouvernement en Pologne est vu comme une victoire pour la démocratie libérale", explique Bernd Riegert, le correspondant de la DW à Bruxelles.  

Un bureau de vote en Pologne. Des électeurs votent dans les isoloirs aux couleurs du drapeau polonais
En Pologne, après le dépouillement de 80% des bulletins, le PiS arrive en tête des législatives mais sans majorité avec 37%, tandis que la Coalition civique de Donald Tusk, le parti la Troisième Voie et la Gauche obtiennent ensemble plus de 52%.Image : Onkar Singh Janoti/DW

Voilà des années que les institutions européennes sont engagées dans un bras de fer permanent avec Varsovie. Que ce soit sur la loi sur l’avortement ultra-restrictive ou encore la réforme de la justice qualifiée "d’outil de répression des magistrats".

Et pour s’être dite au-dessus du droit européen, la Pologne attend toujours que la Commission débloque le versement de dizaines de milliards d’euros du fonds de relance. 

Le retour de l'Etat de droit pourrait prendre du temps  

"C'est la fin de cette mauvaise période", s’est déjà félicité l’opposant Donald Tusk, ancien Premier ministre de la Pologne avant d’être président du Conseil européen. Son positionnement pro-européen ne fait pas de doute. C'est à lui que pourrait incomber la tâche de former un nouveau cabinet de coalition.   

Pjotr Buras, du Conseil européen de politique étrangère (ECFR), un groupe de réflexion, estime toutefois que le nouveau gouvernement pourrait avoir "de sérieuses difficultés à faire reculer l'influence du PiS (le parti Droit et justice de Jaroslaw Kaczynski) et à rétablir l'Etat de droit".   

Donald Tusk prend la parole devant ses soutiens lors de la soirée électorale
Donald Tusk, ancien président du Conseil européen, pourrait réchauffer les relations avec l'UEImage : Omar Marques/Getty Images

Avec les estimations actuelles, la nouvelle coalition n’aura pas suffisamment de sièges pour renverser le droit de véto du président Andrzej Duda, qui est un élu du PiS et fervent allié des conservateurs.  

Aussi, pendant ces huit années au pouvoir, le gouvernement populiste a réussi à étendre sa toile pour mettre en place un système autoritaire à la hongroise, pour mettre au pas la justice, le tout en profitant du soutien de médias aux ordres et du pouvoir de l’Eglise.

“Remodeler” la Pologne  

Reste que la participation record, portée notamment par les femmes et la jeunesse, semble prouver la volonté de changement dans la société. Et cette très probable victoire de l’opposition est d’autant plus remarquable que le PiS a profité pendant la campagne de financements illimités. Le parti s’est notamment servi de la radio publique pour faire campagne.  

"Avec le taux de participation le plus élevé depuis la fin du communisme en 1989, les électeurs ont montré qu'ils se préoccupaient de l'avenir de leur pays et qu'ils voulaient le remodeler. L'opposition a gagné, bien que les élections aient été en elles-mêmes très inéquitables. Les partis au pouvoir ont détourné les ressources de l'Etat à leurs fins et ont malgré tout échoué", analyse Pjotr Buras de l’ECFR. Pendant la campagne, la radio publique nationale avait notamment fait tourner la machine à propagande pour le compte du PiS.  

Des soldats gardent la frontière polonaise
La Pologne n'a cessé de s'opposer pendant huit ans aux règles de la solidarité européenne sur l'accueil des demandeurs d'asileImage : REUTERS

A l’échelle européenne, la défaite des nationalistes est aussi une défaite pour la Hongrie de Victor Orban, un fidèle allié de Jaroslaw Kaczynski, le leader du PiS.    

Varsovie et Budapest ont pris l'habitude de marcher main dans la main, notamment portés par leurs positions anti-migration, faisant barrage à la réforme de l’asile souhaitée par une majorité de pays européens.    

Selon l'eurodéputée verte Terry Reintke, "sur le pacte migratoire, (...) la Pologne n'a pas du tout joué un rôle constructif au Conseil. J'espère que cela [...] va maintenant changer".   

Symbolbild I Journalismus
Marco Wolter Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_francais