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Londres : les premiers migrants expulsés attendus au Rwanda

14 juin 2022

Le Royaume-Uni expulse vers le Rwanda, une dizaine de migrants accusés d'être entrés en territoire britannique par la voie irrégulière. Des militants s'y opposent.

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 Le premier vol risque de décoller quasi vide avec seulement sept migrants
Le premier vol risque de décoller quasi vide avec seulement sept migrants Image : Wiktor Szymanowicz/AA/picture alliance

Sauf annulation de dernière minute, le gouvernement britannique se prépare à expulser mardi vers le Rwanda, de premiers migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni, un projet controversé jugé "immoral" par l'Eglise anglicane.

Un vol spécialement affrété avec à son bord des "clandestins" doit décoller de Londres dans la soirée et atterrir le lendemain matin à Kigali, selon des opposants à l'initiative.

"Le système britannique est censé protéger ces migrants mais on les expulse vers une zone beaucoup plus dangereuse dans laquelle leur vie est plus en danger. Nous sommes ici pour nous opposer à cette décision", dit Soraya, une manifestante londonienne.

''C'est du trafic de personnes ''

Pour sa part, Peter, un autre manifestant dit : "n'oubliez pas qu'ils sont là depuis deux ou trois ans et voilà ce qu'ils subissent aujourd'hui. C'est du trafic de personnes. Le Rwanda reçoit de l'argent. Les Britanniques leur livrent des gens. C'est du trafic d'êtres humains, c'est aussi simple que cela."

Pour Ana, les militants qui s'opposent à cette expulsion se sentent "fiers de (leur) combat pour l'égalité. C'est comme ça qu'il faut se battre. Alors oui, quoi qu'il arrive aujourd'hui, nous nous organisons déjà, avec les personnes à l'intérieur des centres de détention et ceux qui organisent ces vols, car nous devons nous battre par tous les moyens nécessaires." 

"Nous sommes un monde, un peuple, et nous devons nous occuper de tous les peuples du monde avec les ressources dont nous disposons pour pouvoir le faire. Et ce pays a les ressources pour prendre soin des gens, pour garder les gens ici et pour les aider à retrouver une nouvelle vie", plaide Jocelyn Watson, ecrivaine de 66 ans.

Le patron du HCR condamne aussi

De nouveaux recours sont prévus ce mardi
De nouveaux recours sont prévus ce mardiImage : Niklas HALLE'N/AFP

Quant à Naz Osman, 24 ans, étudiante de troisième cycle, elle dit avoir "l'impression qu'au fil des ans, la politique d'immigration est devenue de plus en plus xénophobe, raciste, et cela m'inquiète."

Des contestations individuelles lancées en parallèle des recours déposés par des associations de défense des réfugiés ont toutefois pu aboutir : le premier vol risque ainsi de décoller quasiment vide. Selon l'organisation Care4Calais, 23 personnes ont vu leur ticket vers le Rwanda annulé. Huit doivent toujours partir aujourd'hui (14.06.2022). 

En juillet prochain, la Haute Cour britannique doit encore examiner en détail la légalité de cet accord migratoire, très critiqué.

Le Haut-commissaire de l'ONU aux réfugiés Filippo Grandi a condamné énergiquement le projet du gouvernement britannique d'envoyer au Rwanda des migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni.

"Cela ne va pas du tout, cet accord ne va pas du tout pour tellement de raisons différentes", a dénoncé Filippo Grandi au cours d'une conférence de presse à Genève, à la veille des premiers départs prévus.

Les assurances de Boris Johnson 

Ce lundi, (13.06.2022) la justice britannique a autorisé leur transfert en vertu d'un accord controversé conclu entre le Royaume-Uni et le Rwanda. Un accord encore une fois défendu par le Premier ministre britannique Boris Johnson.

"Il s'agit de s'assurer que nous brisons le modèle commercial des gangs criminels qui non seulement risquent la vie des gens, mais sapent la confiance du public dans la migration légale. Ma famille est bénéficiaire de la migration légale vers ce pays, de nombreuses entreprises appartiennent à des gens issus de la migration légale vers ce pays. Nous voulons empêcher les migrants illégaux d'entrer.''

La justice britannique a annoncé l'examen de deux recours déposés au dernier moment et qui ont été jugés recevables.