Prison à vie pour deux Khmers rouges
7 août 201435 ans après la chute du régime khmer rouge, qui a fait quelque deux millions de morts au Cambodge entre 1975 et 1979, ce verdict est considéré comme historique. Il a été accueilli par les larmes et les applaudissements de survivants, pour qui la décision de la cour est sans doute une victoire. Mais les avocats de la défense ont toutefois immédiatement annoncé faire appel.
Khieu Samphan, 83 ans, chef de l'Etat sous les Khmers rouges, s'est toujours présenté comme un dirigeant symbolique, «naïf» et exclu des cercles de prise de décision. Un dirigeant qui n'était pas au courant des atrocités commises à l'époque selon ses propos. Mais il n'a de toute évidence pas convaincu le tribunal. Il a donc été reconnu coupable tout comme son coaccusé Nuon Chea, l'idéologue des Khmers rouges.
Nuon Chea, 88 ans considéré comme le bras droit de Pol Pot, le numéro un du régime, est resté impassible à l'énoncé du verdict. Pour la Cour, il a joué un rôle primordial notamment dans la «mise en œuvre» de la «politique d'exécution» du régime. À l'époque des faits reprochés aux deux anciens dirigeants, le régime des Khmers avait vidé les villes au profit des campagnes, imposé le travail forcé et éliminé les opposants et les intellectuels. Plus d'un quart de la population trouvera la mort durant cette période, tout ceci au nom d'une utopie marxiste.
Une procédure longue
Le verdict qui vient d'être rendu est une étape de plus dans une procédure qui a commencé depuis quelques années déjà. Les deux anciens dirigeants comparaissent depuis 2011 pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre. Pour que la procédure, qui est complexe, aille plus rapidement, elle a été découpée. Il s'agit de parvenir à un jugement avant qu'ils ne décèdent comme Pol Pot, qui est mort en 1998 sans avoir été jugé.