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Présidentielle aux Etats-Unis : l'Afrique ferait-elle mieux?

5 novembre 2020

Certains Africains perçoivent les protestations de Donald Trump comme un symptôme d'une élection présidentielle mal organisée. Les avis divergent.

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Lors de la présidentielle de 2015, des Kenyans ont organisé un vote fictif opposant Donald Trump et Hillary Clinton
Le débat électoral aux Etats-Unis suscite des commentaires en Afrique surtout parce que le pays est considéré comme un modèle démocratiqueImage : Getty Images/AFP/T. Karumba

Le débat politique et le processus électoral aux Etats-Unis suscitent l'intérêt de beaucoup de personnes en Afrique. L'intervention du président sortant, Donald Trump, qui met en doute la crédibilité du scrutin, est plutôt perçue comme un symptôme d'élection mal organisée. Les Etats-Unis seraient-ils désormais mal placés pour critiquer les Etats africains ?

Des avancées en matière électoral en Afrique

On se souvient du commentaire, en 2018, du président Donald Trump au sujet des "pays de merde" quand il parlait de la gouvernance politique dans certains Etats dans le monde, dont la plupart en Afrique.

Mercredi (04.11.2020), c'est l'ambassade des Etats-Unis en Côte d'Ivoire qui, dans un tweet, a appelé au respect des règles démocratiques par les acteurs de la crise électorale.

Depuis l'intervention de Donald Trump qui conteste le processus électoral, l'éditorialiste kenyan Patrick Gathara s'interroge. "Avec ce système chaotique que nous observons, comment comprendre que vous nous donniez des leçons de démocratie si vous-même ne les pratiquez pas chez vous ?", affirme le caricaturiste dans une émission de la DW.

"Il est question d'avoir un système de vote unique ! C'est le genre de choses que vous exigez au Kenya !", poursuivait-il, faisant allusion au système parallèle de vote par correspondance aux Etats-Unis qui a battu un record à cette présidentielle et sur lequel se basent essentiellement les critiques du président sortant Donald Trump.

Patrick Gathara pense même que l'élève tend à dépasser son maître, en ce qui concerne les rappels à l'ordre adressés régulièrement aux Etats africains lors d'échéances électorales.

"En Afrique aujourd'hui, il y a de plus en plus de bonnes élections ! Pas partout mais si vous prenez l'exemple du Ghana, les choses se déroulent bien mieux qu'aux Etats-Unis", se félicite Patrick Gathara.

La différence avec des institutions solides

Patrick Gathara : "En Afrique, il y a de plus en plus de bonnes élections"

Depuis les Etats-Unis où il réside, le panafricaniste et politologue Gnaka Lagoke est plus mesuré. "Le fait qu'il (Donald Trump, ndlr) ait annoncé qu'il a gagné avant même la fin des dépouillements ne peut pas être attribué à la mauvaise santé de la démocratie américaine. Oui, l'Amérique a ses fléaux, tels que le pouvoir de l'argent et les problèmes de racisme, mais c'est une démocratie. Les institutions fonctionnent".

Lire aussi →S'autoproclamer vainqueur comme méthode de contestation

Revenant sur l'actualité en Côte d'Ivoire dont il est originaire et l'appel au respect de la démocratie lancé par l'ambassade américaine, Gnaka Lagoke trouve que cet appel est légitime.

"On ne peut pas comparer ce qui se passe en Côte d'Ivoire à la déclaration de Donald Trump ! En Côte d'Ivoire, on a vu que Monsieur Alassane Ouattara ne devait pas être candidat, que sa candidature est illégale. Il est perçu par une bonne partie de la population comme un président illégitime qui utilise des moyens de pression et d'oppression pour imposer sa volonté. Les élections ne sont pas crédibles. L'Amérique a peut-être connu ce genre de choses mais c'était il y a deux cents ans !", insiste Gnaka Lagoke.

D'autres commentaires mettent en garde contre une confusion qui ne servirait que les autocrates sur le continent africain. Ceux-ci auraient beau jeu ensuite de trouver un prétexte pour justifier leurs dérives.

Photo de Fréjus Quenum à côté d'une carte du monde
Fréjus Quenum Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@frejusquenum