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Qui était réellement membre du NSDAP ?

Dirk Kaufmann / Laure Wallois4 juin 2013

De l’intellectuel Günter Grass à l'acteur Horst Tappert (l'inspecteur Derrick), les aveux tardifs de personnalités et des institutions sur leur passé nazi continuent de défrayer la chronique en Allemagne.

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La façade du ministère des Affaires étrangères à BerlinImage : picture-alliance/dpa

Le ministère allemand des Affaires étrangères aurait lui aussi tenté pendant des années de dissimuler le passé nazi d'hommes politiques de premier plan. C'est ce qu'affirme le journaliste et écrivain allemand Malte Herwig.

Qui était réellement membre du NSDAP, le parti d'Adolf Hitler ? Pour le savoir, après 1945, il fallait se rendre dans les archives de la délégation des États-Unis à Berlin. C'est là qu'étaient conservées les cartes de membres du parti nazi. Ces archives, on l'imagine, étaient alors particulièrement convoitées. Surtout lorsque la société allemande a commencé à se pencher sur son passéi. Seulement voilà, pendant des années, le consulat américain a toujours refusé de remettre les documents aux autorités allemandes. C'est du moins, la version officielle des faits, comme l'explique Malte Herwig.

« Je suis tombé sur des écrits datant des années 80, dans lesquels la délégation des États-Unis à Berlin s'emporte contre le gouvernement allemand. Les Américains s'énervent car Berlin réclame publiquement les archives sur le NSDAP tout en leur envoyant officieusement un tout autre message : il est vrai que nous réclamons ces dossiers officiellement mais seulement parce que le Bundestag, l'assemblée des députés, nous pousse à le faire. Nous vous prions de déclarer publiquement que vous ne pouvez en aucun cas rendre les dossiers, pas encore. »

Pour Hans Mommsen, historien allemand, spécialiste de l'Allemagne nazie, ces nouvelles révélations ne sont qu'une tempête dans un verre d'eau. « Les personnes qui étaient en charge de ces documents et que je connais encore personnellement n'étaient certainement pas des gens qui voulait couvrir le ministère des Affaires étrangères des ombres du national-socialisme. »

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Joachim von Ribbentrop (à gauche), ministre des Affaires étrangères lors de la signature du pacte de non-agression avec l'URSSImage : picture alliance/dpa

Malte Herwig, lui, est persuadé du contraire. Car parmi les anciens membres du NSDAP, figurerait le nom de Hans-Dietrich Genscher. Entre 1974 à 1992, cet homme n'est autre que le ministre des Affaires étrangères lui-même. C'était justement lui qui était chargé de négocier la restitution des archives avec la délégation américaine.

Faire oublier

Les interrogations de Malte Herwig n'ont suscité, pour l'instant, aucun commentaire du ministère concerné. Pourtant, il y a huit ans, l'administration a ouvert ses portes à une commission d'historiens indépendants, sur l'initiative du chef de la diplomatie allemande de l'époque Joschka Fisher. Le rapport de la commission a été publié en 2010 et ses conclusions sont sans appel : durant les décennies qui ont suivi la fin de la Seconde Guerre mondiale, le ministère des Affaires étrangères a bel et bien tenté de faire oublier qu'il avait activement participé aux crimes nazis durant le IIIème Reich.

Malgré tout, l'enquête reste trop insuffisante aux yeux de nombreuses critiques. Pour le journaliste Malte Herwig, elle doit se poursuivre : « Je pense que le ministère des Affaires étrangères est prêt à faire la lumière sur son passé. Il faut maintenant assumer publiquement les faits et avant tout arrêter de tergiverser. »

L'année dernière, quatre membres de la commission d'historiens ont révélé au quotidien allemand, la Frankfurter Allgemeine Zeitung, avoir difficilement accédé à certaines archives du ministère. Des documents "disparus", d'autres "détruits", qui auraient considérablement compliqué leurs recherches.