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RCA : fin du dialogue républicain sans résultats concrets

Jean-Fernand Koena
28 mars 2022

Le dialogue républicain s'est déroulé sans l'opposition et les groupes armés. Pour le président Touadéra, le dialogue national a "atteint son objectif".

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Plus de 600 délégués ont pris part à ce dialogue
Plus de 600 délégués ont pris part à ce dialogueImage : Jean Fernand Koena/DW

Le dialogue de réconciliation nationale en Centrafrique a pris fin dimanche (27.03.2022) sans avancées conrètes.

Sans la participation de l'opposition, qui a boycotté le dialogue, et des leaders des groupes armés, les représentants des pouvoirs publics et de la majorité présidentielle, ont tenté de lancer l'idée d’une modification de la Constitution.  

Après des débats houleux, l'idée a finalement été abandonnée. Les représentants de la société civile s'y sont fortement opposés, craignant que l’objectif soit de permettre au président Touadéra de se représenter pour un troisième mandat, qui n’est actuellement pas prévu par la loi fondamentale. 

Des participants au dialogue républicain, le 22 mars 2022 à Bangui
Des participants au dialogue républicain, le 22 mars 2022 à BanguiImage : Jean Fernand Koena/DW

Modification de la Constitution 

Dans cette discussion à sens unique, entre les pouvoirs publics et la majorité présidentielle, (le parti MCU), la société civile refuse de servir de faire valoir.

Sous le fallacieux prétexte de la modification de notre Constitution pour adapter certaines institutions républicaines aux nouvelles réalités, je voudrais connaître ces nouvelles réalités. Nous n’étions pas venus au dialogue pour modifier la Constitution, ni même pour réfléchir sur la révision des institutions.  Nous sommes venus débattre de tout, sauf de la modification de la Constitution”, explique Me Bruno Hyacinthe Gbiagbia représentant de la société civile au dialogue. 

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Le président du présidium, Pr Richard Filakota décide de renvoyer donc le débat aux instances compétentes. 

"C'est invalidé dans le cadre de ce dialogue, donc nous renvoyons la question, nous renvoyons le débat au niveau des instances qui sont habilitées à traiter de cette question, à savoir la présidence et l'Assemblée nationale. La question est terminée pour notre dialogue”, tranche le professeur Richard Filakota.

Un piège, selon Me Thimoléon Kokongo, qui regrette la posture de la société civile, évitant un vrai débat républicain autour du sujet. 

"Vous savez que le MCU a les moyens de battre campagne aujourd'hui et va jusqu'à faire modifier la Constitution. Et ce que veut éviter la société civile là, on leur a donné l'occasion sur un plateau d'or pour le faire. Ce qui est regrettable et on nous a enlevé la possibilité de nous prononcer et de dire au moins que le chef de l'Etat écoute qu'au sein de la population, les gens pensent peu de cette démarche même s'il faut autoriser le 3e mandat. Cet exercice, il nous l'a interdit et c'est antidémocratique", estime Me Thimoléon Kokongo.

Faustin Archange Touadéra, le président centrafricain
Faustin Archange Touadéra, le président centrafricainImage : Minusca

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Pas de résultats concrets

Le vif débat suscité par l’idée d’une révision constitutionnelle aura presque éclipsé le fait que ce dialogue républicain n’aura finalement abouti à aucun résultat concret. 

Et en renvoyant le débat sur la Constitution sur la table du président Touadéra et à l'Assemblée dominée par le MCU, l'opposition et la société civile ne sont pas encore parvenues à mettre la loi fondamentale à l'abri. 

Lors de cette cérémonie, le président du dialogue, Richard Filkota, a annoncé que 600 recommandations avaient été formulées.

Il n'a cependant égrené qu'une partie de ces propositions, comme la mise en place d'un impôt pour le budget de l'armée, ou encore la fin de l'embargo sur les armes à feu réclamée depuis de nombreuses années par Bangui. Cet embargo avait été imposé par l'ONU en 2013, après qu'une coalition degroupes armés avait renversé le régime du président François Bozizé et plongé le pays dans la guerre civile. 

Le président Faustin Archange Touadéra avait promis à la communauté internationale ce dialogue de réconciliation au lendemain de sa réélection, fin décembre 2020, avec 53,16% des suffrages mais alors que moins d'un électeur sur trois avait eu la possibilité d'aller voter en raison de l'insécurité. 

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