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RCA, la ville de Bambari aux mains des rebelles?

Jean-Fernand Koena
23 décembre 2020

Bambari, déclarée ville pilote de la mise en œuvre du Plan de Consolidation de la Paix et sans arme, est tombée sous le contrôle de l'Unité pour la paix en Centrafrique. Mais la Minusca affirme avoir repris le contrôle.

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De nombreux groupes armés se partagent plus des deux-tiers de la Centrafrique.
De nombreux groupes armés se partagent plus des deux-tiers de la Centrafrique. Image : AFP/Getty Images

À quatre jours des élections législatives et présidentielle du 27 décembre, les violences s'intensifient en Centrafrique. Les combats opposent les groupes armés aux forces de défense et de sécurité centrafricaine, appuyées par la Minusca, le Rwanda et la Russie. Mardi (22.12), les heurts ont été d'une rare ampleur. La ville de Bambari a été prise par l'Unité pour la paix en Centrafrique, UPC selon un communiqué du gouvernement. Elle est située à quelque 380 km au nord-est de la capitale. 

Mercredi matin (23.12), le porte-parole de la Mission de l'ONU en Centrafrique a toutefois affirmé que la quatrième ville du pays était de nouveau "sous contrôle" des Casques bleus et des forces de sécurité intérieure. "Les civils commencent à revenir. Les groupes armés ont été repoussés dans la brousse", a ajouté Abdoulaziz Fall lors d'une conférence de presse à Bangui. 

Les rebelles aux portes de Bangui ?

Dans la capitale, la situation est confuse. Des rumeurs d'une attaque rebelle imminente ont créé un mouvement de panique dans la matinée dans le quartier PK12 et selon notre correspondant, les administrations sont désertes ce mercredi. Des informations contradictoires circulent sur l'avancée des rebelles vers la capitale et sur la prise ou non de la ville de Boali, située à moins de cent kilomètres.

Des blessés lors des affrontements

Au centre universitaire communautaire de Bangui, des militaires blessés au front affluent. Au service des urgences, les militaires en uniforme et armes courent dans les pavillons pour porter secours à leur frère d'armes.

"J'ai l'intention de mettre ma famille à l'abri" Citoyen

Lors de notre passage, le surveillant général de l'hôpital Martin Kamoudane n'a pas souhaité parler.

Il concède tout de même qu'il y a eu plusieurs blessés durant le combat de Bossembélé, à 152 km de Bangui. Devant l'hôpital, les parents des victimes venus de toute part sont sous le choc. Les militaires qui sont là parlent de la situation et sont très sensibles à la présence des journalistes.

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Des craintes d'une nouvelle crise

Alors que la distribution des cartes d'électeur doit s'achever ce mercredi (23.12), le doute et la peur s'installent. Quelques Centrafricains rencontrés à Bangui craignent de revivre les troubles de 2012-2013 qui ont conduit au renversement de François Bozizé.

En 2013 le conflit avait opposé la Séléka à la contre-insurrection de milices anti-balaka.
En 2013 le conflit avait opposé la Séléka à la contre-insurrection de milices anti-balaka.Image : AFP/Getty Images

"Là maintenant, si vous voyez bien, tout autour de nous dans nos provinces, les rebelles occupent nos villes de province. Comment on va faire pour tenir les élections dans ces conditions ?" , se demande un citoyen.

Certains veulent mettre leurs familles à l'abri. "J'ai l'intention de dépêcher ailleurs ma famille et d’éviter de revivre les affres de 2012-2013. Si les rebelles parviennent à arriver dans la capitale, je crains que nous puissions encore expérimenter cette triste expérience".

D'autres prônent le dialogue. "Cette situation est inquiétante. L’important aujourd’hui, c’est que les parties (gouvernement et groupes armés, ndlr) aient une discussion pour un avenir meilleur de ce pays".

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Devant la confusion qui règne, les candidats aux élections sont divisés. D'aucuns se retirent, d'autres souhaitent aller aux urnes en souhaitant un dialogue franc entre les acteurs avant l'échéance électorale fatidique du 27 décembre.