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Bunagana vidée de ses habitants livrés à leur sort

28 septembre 2022

A Bunagana, le cap des 100 jours d’occupation par le mouvement rebelle du M23 a récemment été franchi. Sur le terrain, la situation reste préoccupante.

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Réfugiés congolais ayant fui les conflits à Bunagana (Photo d'illustration)
100 jours après l'occupation de Bunagana, la population se sent abandonnée (photo d'illustration) Image : Emmanuel Lubega/DW

Pendant deux jours, des manifestants dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) ont demandé aux autorités de déloger le groupe rebelle M23 ("Mouvement du 23 mars") de Bunagana. Cette ville est un important carrefour commercial à la frontière ougandaise.

Malgré la présence d’agences des Nations unies et dautres ONG locales, les besoins en assistance humanitaire y sont énormes, confie Thierry Hatangi, rapporteur de la société civile dans la province du Nord-Kivu. 

Basé à Rutshuru, à une vingtaine de kilomètres de Bunagana, Thierry Hatangi précise que le nombre de personnes réfugiées serait d’environ 43.000 familles (environ 200.000 personnes), parmi lesquels on compte des personnes qui s’étaient réfugiées en Ougandaet qui ont été refoulées.

Des réfugiés congolais ayant fui les conflits à Bunagana, photographiés dans un camp en Ouganda
La population civile accuse les autorités congolaises de ne pas s'investir dans la résolution de la crise du M23 Image : Emmanuel Lubega/DW

"Les populations ont été obligées de fuir les combats mais aussi de fuir les rebelles. Ils savent que lorsque ceux-ci occupent des entités, ils maltraitent les habitants et les rançonnent également. A tel point qu'il y a eu des déplacés qui sont allés vers Rutshuru, d’autres ont trouvé refuge en Ouganda. Le seul souhait de la population, c’est que Bunagana soit libérée afin que la ville puisse passer sous contrôle des FARDC (Forces armées congolaises, ndlr) et que l’autorité de l'Etat puisse être totalement restaurée", explique le rapporteur de la société civile du Nord-Kivu à la Deutsche Welle.

Des populations rongées par le désespoir

La situation actuelle à Bunagana est désastreuse parce que la ville a été abandonnée par sa population, témoigne Liberata Rubumba, une activiste basée à Rutshuru.

"Nous avons l’impression que le gouvernement ne s’investit pas" (Jonas Pandasi)

La ville s’est vidée de ses habitants pour être occupée par les combattants du M23 poursuit-elle, en insistant sur le fait que le moral de la population est au plus bas. Trois mois après cette occupation, les personnes déplacées qui vivent dans des camps n’aspirent qu’à retourner chez elles.

"Il y a trois jours, dimanche passé donc, une jeune fille de 20 ans a perdu la vie parce qu’elle n’a pas eu à manger… Elle est morte de faim. L’état d’esprit de la population est très bas, la population vit dans le désespoir. Il n’y a pas de volonté politique. S’il y avait de la volonté de la part de notre gouvernement, il pourrait mettre les moyens entre les mains des FARDC pour que ces derniers (les soldats congolais) puissent mettre hors d’état de nuire les terroristes du M23", pense l’activiste.

Bunagana coupée du monde

Sur place, la connexion a été coupée, déplore Jonas Pandasi, porte-parole de la société civile de Rutshuru. Selon lui, d’après les quelques informations reçues récemment, les éléments du M23 ont demandé aux habitants qui se trouvent près des lignes de front de "dégager".

Difficile de savoir ce qui se passe réellement à Bunagana mais surtout ce qui s’y prépare, déplore Jonas Pandasi. "Nous avons comme l’impression que le gouvernement ne s’investit pas comme il faut dans la question de Rutshuru et Bunagana. Ils sont à 2.000 kilomètres et ce que nous observons, par rapport à ce qui se passe à Kinshasa et ce qui se passe ici en territoire de Rutshuru, nous fait penser que le gouvernement a d’autres priorités. Donc nous lui demandons de revenir à la raison, et de revenir à son serment de pouvoir protéger l’intégrité territoriale", insiste Jonas Pandasi.

Mi-juillet, le commandement des opérations militaires contre le M23 avait été confié au lieutenant-général Philémon Yav. Mais celui-ci a été arrêté il y a une semaine pour tentative de trahison. Il a été transféré à la prison centrale de Makala le 19 septembre.

DW-Redaktion Afrika-Französisch
Wendy Bashi Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle@WenBash