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Une nouvelle force régionale pour l'est de la RDC ?

9 juin 2022

Pour combattre les groupes armés actifs dans l'est du pays, la Communauté des États d'Afrique de l'Est réfléchit à une nouvelle force régionale.

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Un soldat congolais monte la garde à l'aéroport de Rutshuru, après des affrontements avec des rebelles du M23
Un soldat congolais monte la garde à l'aéroport de Rutshuru, après des affrontements avec des rebelles du M23Image : Guerchom Ndebo/AFP/Getty Images

En début de semaine, les chefs des armées de la Communauté des États d'Afrique de l'Est (EAC) se sont réunis à Goma, dans l'est de la RDC. But de la rencontre : créer les conditions pour la mise en place d'une force régionale afin de combattre les groupes armés actifs dans la région. La réunion a toutefois été boycottée par le Rwanda, accusé par la RDC de soutenir les rebelles du M23.

La mise en place de cette nouvelle force régionale permettra-t-elle de venir à bout des différents groupes armés qui sévissent dans l'est de la RDC ? La réponse est non, estime Jean-Jacques Wondo Omanyundu, analyste des questions socio-politiques, sécuritaires et militaires. 

Lisez ou écoutez son témoignage ci-dessous.

Jean-Jacques Wondo Omanyundu : Circonscrire la crise au niveau du Congo, ce n'est pas une solution et ce ne sera pas une solution efficace. Aujourd'hui, vous avez l'état de siège qui a été décrété depuis le mois de mai 2021, avec des résultats qui laissent à désirer. Et puis il y a eu la présence de l'armée ougandaise, qui fait partie des Etats d'Afrique de l'Est, qui agit aussi depuis fin novembre, avec des résultats qui laissent toujours à désirer parce que les massacres se poursuivent comme il y a quelques jours, que ce soit à Beni ou en Ituri.

DW : Que pourrait faire cette force régionale que la Monusco, la mission de l'ONU en RDC, n'a jusque-là pas pu faire ?

Jean-Jacques Wondo Omanyundu : Je ne pense pas que la constitution de cette force permettra de sécuriser le Congo parce que la menace qui pose problème aujourd'hui, c'est une menace qui est importée donc qui vient de l'extérieur. Et le fait de délimiter le terrain de la menace au Congo, pour moi, c'est une mauvaise conception des opérations.

Donc, la deuxième chose aussi là, j'insiste, on veut toujours déployer les forces au Congo, mais que ça soit au niveau des autorités congolaises ou de la région, personne ne se soucie du fait qu'on doit renforcer les capacités de défense, les capacités opératives de l'armée congolaise.

"Circonscrire la crise au Congo, ce n'est pas une solution" (JJ Wondo Omanyundu)

Parce que dites-moi, après ces opérations, ces armées seront appelées à retourner dans leur pays. Et si on ne réforme pas l'armée congolaise, on risque encore de connaître encore les mêmes problèmes sécuritaires. Il ne faut pas oublier que des telles opérations, on les a connues par le passé, notamment l'opération Umoja Wetu. Cela a donné quels résultats ? Alors après l'Umoja Wetu, tout le Rwanda via son porte-parole militaire, le général, qui s'occupait de l'opération conjointement avec le général Numbi, avait décidé qu'ils avaient éradiqué la menace FDLR et le Rwanda ne reviendra plus au Congo. Mais aujourd'hui, on voit que le Rwanda ne cesse de chercher les voies et moyens pour revenir au Congo, notamment en renforçant les capacités de défense du M23 qu'ils ont formé parce qu'ils ont recruté récemment des centaines de jeunes qui ont été formés. Ce sont ces jeunes, appuyés par les éléments de l'armée rwandaise qui opèrent à Rutshuru et qui opèrent dans les Virunga.