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À Mugunga, la responsabilité de l’armée aussi mise en cause

Paul Lorgerie
31 mai 2024

Près d’un mois après le drame de Mugunga, où, selon les autorités, 35 personnes ont péri dans le bombardement d’un camp de déplacés par le M23, la responsabilité de l’armée congolaise est aussi pointée du doigt.

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Des rescapés du bombardement de Mugunga.
Le 3 mai 2024, des bombes étaient tombées sur des huttes de déplacés, qui sont plusieurs centaines de milliers agglutinés à la périphérie de Goma, chassés de leurs villages par l'offensive menée depuis fin 2021 par la rébellion du M23 ("Mouvement du 23 mars"), soutenue par Kigali.Image : Moses Sawasawa/AP Photo/picture alliance

Avant ce drame, les ONG, ainsi que la population sur place étaient inquiètes. Pour cause, l’armée congolaise (FARDC) a installé des pièces d’artillerie à proximité des sites de déplacés et de zones d’habitation, mettant ainsi la vie des civils en danger selon elles.

Paul-Bienvenu Bujiriri est président de la société civile du quartier de Mugunga, à l’ouest de Goma. Le 3 mai dernier, plusieurs dizaines de personnes y sont mortes après un bombardement des rebelles du M23. Et malheureusement, ce n’était pas la première fois et Paul-Bienvenu Bujiriri pointe aussi du doigt la responsabilité de l’armée.

"Le quartier Mugunga est pris pour cible, car l’artillerie des FARDC entoure l’endroit, notamment les sites de déplacés. L’artillerie est à quelques mètres à peine. Et lorsque les rebelles du M23 attaquent, ils larguent des obus vers Mugunga pour viser l’artillerie et les positions des FARDC", a expliqué Paul-Bienvenu Bujiriri

Ce n’était pas faute d’avoir prévenu. En tout, le chef de la société civile a dénombré 19 obus tombés dans son quartier depuis le 3 février dernier, ayant fait une quarantaine de morts.

Des cercueils des victimes de Mugunga alignés dans le plus grand stade de la capitale provinciale du Nord-Kivu, Goma.
Trente-cinq cercueils étaient alignés le 15 mai 2024 dans le plus grand stade de la capitale provinciale du Nord-Kivu, Goma, pour les obsèques officielles pour les victimes du bombardement de Mugunga à laquelle ont participé autorités et proches de victimes.Image : Zanem Nety Zaidi/DW

D’autres localités en danger

Le phénomène n’est pas circonscrit au quartier Mugunga. A Mweso ou encore à Minova, Médecins sans frontières a constaté une augmentation inquiétante du nombre de blessés par éclats d’obus.

"On a constaté que, depuis le début de l’année, le nombre de blessés a vraiment augmenté en comparaison à l’année dernière. Et ce que l’on voit, c’est que les civils ne sont pas épargnés", a déclaré Natàlia Torrent, cheffe de mission de l’ONG à Goma.

À Mweso, les équipes de Médecins sans frontières ont réceptionné 279 traumatisés de guerre entre janvier et mai. Quant à Minova, près de 260 personnes avec ce type de blessure ont été accueillies à l’hôpital, entre février et mai

"Le message qu’on passe à tout le monde, c’est de demander que les deux parties au conflit respectent le droit humanitaire international et surtout que les civils ne soient pas pris à partie", a demandé Natàlia Torrent au regard de ces chiffres.

Contactée, l’armée congolaise n’a pas souhaité répondre à nos questions. Mais selon une source sécuritaire, la position des pièces d’artillerie proche des installations civiles relèverait de la contrainte plus que de la stratégie.

En effet, le champ d’opération autour de Goma s’est terriblement rétréci depuis février et l’offensive du M23 sur la ville de Saké.

Seule bonne nouvelle jusqu’à présent : les pièces d’artillerie, qui se trouvaient directement dans les sites de déplacés, ont au moins été déménagées.