Reprise des combats après des semaines d'accalmie en RDC
22 octobre 2024En République démocratique du Congo, les rebelles du M23 ont lancé une nouvelle offensive en direction de la zone minière de Walikale, riche en coltan et en étain, dans la province du Nord-Kivu. Sur le terrain, la situation reste toutefois confuse. L'Alliance fleuve Congo et ses alliés du M23 revendiquent la conquête de cette zone, tandis que des sources locales précisent que la localité de Kalembe, dans le territoire de Walikale, serait à nouveau passée entre les mains de l'armée congolaise. Pour le politologue Christian Moleka, le M23 veutr etendre son influence vers le nord de la RDC.
Retranscription de l'interview
Christian Moleka : Le territoire de Walikale dispose également d'un intérêt stratégique important parce qu'il est pratiquement au carrefour de trois provinces. Il permet donc au M23 à avoir un regard à la fois sur le Sud-Kivu, le Maniema et la Tshopo. Ce n'est pas anodin que ces nouveaux mouvements interviennent dans un contexte global où il y a une hausse de plus de 30 % du prix de la tonne d'étain, un minerai qui prend de plus en plus de l'ampleur, dans un contexte mondial où il y a moins de production dans les deux pays phares que sont l'Indonésie et la Birmanie.
Donc, le Congo se positionne aujourd'hui comme un grand producteur qui bénéficie de la hausse mondiale. Ce n'est pas aussi anodin que les groupes armés s'étendent vers ce territoire-là qui a une vraie valeur ajoutée en termes d'étain et qui participe énormément aujourd'hui à la production d'étain.
DW : Monsieur Moleka, du coup, quelle lecture faites-vous de cette percée du M23 dans le Nord-Kivu ? Et à quoi faut-il s'attendre par rapport aux autres provinces de la RDC ?
Christian Moleka : N'oublions pas que Corneille Nangaa vient de la province du nord de la RDC, donc une rébellion qui s'avancerait vers le nord pourrait probablement compter sur un soutien local à travers notamment les territoires de la province de la Tshopo ou même de l'Ituri avec des relais au niveau local.
Ensuite, ces incursions interviennent dans un contexte où vous avez un processus de Luanda qui bloque , où le M23 ne se sent pas invité à la table et donc les pressions militaires servent également de rappel pour que le M23 soit pris également en compte dans les négociations. D'autant plus que Kinshasa, à ce jour, a toujours fermé sa porte à l'accès du M23 dans les négociations et donc cette pression militaire sur le terrain, c'est également un rappel que nous sommes un acteur sur lequel il faudrait compter et qu'il faut nous associer d'une certaine manière dans les discussions.