Tensions politiques au Sénégal, la galère des étudiants
29 mars 2023La tension politique au Sénégal fait oublier certaines réalités quotidiennes, comme la précarité de la vie des étudiants à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Les problèmes de transport, de restauration et de logements sont toujours préoccupants malgré les efforts des autorités.
"Les conditions de vie des étudiants deviennent de plus en plus misérables", déplore un étudiant.
Un autre étudiant constate sur la DW que "quand il y a des manifestations politiques à l’intérieur de l’université, les cours sont perturbés."
"Les problèmes de logement et de bus incendiés font que j’arrive toujours en retard", s’emporte une étudiante.
Crainte de représailles
Dans le contexte actuel de tension politique persistante, les étudiants ne parlent plus aussi facilement de leurs soucis, de peur de représailles ciblées.
Ces étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar racontent donc, sous anonymat, leurs conditions de vie et d’études précaires.
"Moi aussi, j’ai besoin d’un logement comme tous mes autres camarades. La majorité, ce sont des étudiants qui vivent en dehors de Dakar, raconte Adja* avant d’ajouter : Venir de la banlieue, vers Pikine, s’il n’y a pas d’embouteillage, tu peux mettre entre deux heures et deux heures et demie de route. S’il y a un embouteillage, cela peut prendre trois heures de route. C’est anormal pour nous les étudiants."
"En ce qui concerne le logement au campus social, nous avons des chambres qui abritent 23 personnes. C’est vraiment dégoûtant. A l’université, si tu es apolitique, tu vas souffrir sur tous les plans", déplore Cheikh*.
Haut lieu du savoir, l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar est en effet un espace politique où s’activent les bases des différents partis et mouvements politiques du Sénégal.
La politique prend le pas sur les problèmes sociaux
Pour Ibrahima Ndoye, étudiant à l’Institut de la gouvernance territoriale, coordonnateur des écoles et instituts de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, les luttes politiques pour le pouvoir font ombrage aux conditions de vie précaires des étudiants. Car elles empêchent les syndicalistes d’exprimer leurs revendications.
"Le syndicalisme est apolitique. Si toutefois ces tensions existent ou sont en cours sur le territoire national, nous sommes obligés, d’une part, de mettre de côté nos revendications et d’observer, d’attendre que la situation revienne à la normale pour ne pas être taxés de politiciens, affirme sur la DW Ibrahima Ndoye. C’est quelque chose que nous déplorons parce que le syndicalisme, je pense que c’est le moteur ou le noyau de la défense des intérêts matériels et moraux des étudiants."
Ces dernières années, des efforts ont été faits pour améliorer les conditions de vie des étudiants de l’Ucad mais ils sont insuffisants, estime Ibrahima Ndoye. Chaque année, entre 85.000 et 93.000 étudiants sont inscrits.
Mais l’université manque d’outils pédagogiques pour les accompagner dans le cadre de la recherche. La qualité de la restauration, l’accès à l’eau et le logement sont autant de défis à relever par les autorités.
* Noms d'emprunt