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Droits de l’Homme : l’Onu évalue la situation au Tchad

Pascal Mapenzi
10 novembre 2022

Cette évaluation survient après les manifestations meurtrières au Tchad ayant fait officiellement une cinquantaine de morts et des centaines de blessés.

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Des jeunes manifestent contre la transition à Moundou, la seconde ville du Tchad
Selon plusieurs organisations, les droits humains sont en recul au Tchad Image : Hyacinthe Ndolenodji/REUTERS

La situation des droits de l'Homme au Tchad a été beaucoup critiquée à la suite de la répression meurtrière des manifestations du 20 octobre dernier. Selon les autorités tchadiennes, une cinquantaine de personnes ont été tuées et près de 300 blessées lors de ces manifestations contre la prolongation de la transition. Mais les défenseurs des droits de l'Homme évoquent un bilan beaucoup plus élevé.

Le 1er novembre dernier, un rapport sur la répression des manifestants au Tchad a été présenté au Comité contre la torture à Genève. Il s’intitule : "Tchad, tourner la page de la torture pour écrire une nouvelle histoire". 

Ce rapport a été rédigé par l'Organisation mondiale contre la torture avec des associations tchadiennes de défense des droits de l'Homme. 

Des crimes impunis

Dans ce document, les auteurs souhaitent alerter le monde entier sur ce qui se passe au Tchad. Agnès Ildjima Lokiam est présidente de l'Association tchadienne pour la promotion et la défense des droits Humains. Nous l'avons jointe depuis Genève où elle est venue défendre ce rapport. 

"Il y a beaucoup d'exactions et le monde n'est pas au courant" (Agnès Ildjima Lokiam)

Selon elle, "L'opinion internationale, généralement, n'est pas très bien renseignée sur ce qui se passe chez nous".

"Nous avons pensé que c'est notre devoir de leur donner ces informations. Nous voulons saisir ce comité afin que lumière soit faite sur la situation qui prévaut au Tchad en ce moment, indique Agnès Ildjima Lokiam à la DW. Il y a beaucoup de crimes qui sont restés impunis, il y a beaucoup des disparitions forcées, il y a beaucoup d'exactions et le monde n'est pas au courant. Nous attendons que lumière soit faite, que les sanctions puissent tomber, que les autres Etats sachent ce que le Tchad est en train de faire. Le Tchad a quand même ratifié des conventions, on doit lui rapper qu'il doit respecter ces conventions."

Des faiblesses dans le respect des droits humains

Les autorités tchadiennes contestent le fait que la situation des droits de l'Homme au Tchad se serait aggravée. L'ambassadeur Ahmad Makaila, représentant permanent du Tchad à Genève, affirme que le gouvernement fait des efforts pour respecter les droits de l'Homme.

"Nous reconnaissons nos faiblesses mais nous, gouvernement, nous travaillons pour améliorer les indicateurs et faire en sorte que les droits de l'Homme soient effectivement respectés, promus et défendus, fait savoir Ahmad Makaila à la DW. Je ne pense pas du tout qu'on soit en régression, nous avons bien conscience qu'il y a des zones à améliorer mais de façon générale, considérer que la situation est en régression, je pense c'est une lecture qui n'est pas tout à fait juste. Ce que nous attendons de ce rapport, ce sont les recommandations nous mettant, bien évidemment, j'imagine, devant nos responsabilités. Nous sommes sereins et nous pensons que ces recommandations viendront nous aider à améliorer ce que nous faisons déjà".  

Le rapport examiné à la session du Comité contre la torture à Genève suggère des réformes institutionnelles et législatives importantes pour la réussite de la transition au Tchad, notamment en matière de lutte contre la torture. 

Le 7 novembre dernier, les autorités tchadiennes ont accepté le déploiement d'une mission d'enquête internationale pour faire la lumière sur les violences du 20 octobre dernier.