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Au Tchad, des jeunes sans perspective sont exploités

1 septembre 2021

Des jeunes tchadiens à la recherche du pain quotidien sont exploités comme des esclaves tant dans les villes que dans les campagnes.

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Kindheit im Tschad
Image : Mahamat Ali

"Certains enfants du sud du pays sont vendus à des prix dérisoires à peine 100 dollars, l'équivalent de 50.000 francs CFA. Les parents reçoivent au plus 20.000 francs CFA. On signe même des papiers", a déploré le sociologue Félix Mbété Nangmbatnan.

Félix Mbété Nangmbatnan explique ainsi, comment les familles pauvres vendent leurs enfants contre de modiques sommes d’argent pour qu’ils aillent travailler, souvent comme gardien de troupeaux à la campagne.

"Certains enfants du sud sont vendu à des prix dérisoires (Félix Mbété Nangmbatnan)

"Ce sont des jeunes qu'on prend très jeunes, à 10 ans, 11 ans ou 12 ans. Avant même qu'ils n'aient le temps d'aller à l'initiation. Et on leur promet une génisse ou un veau à la fin de l'année ou chaque six mois, qu'on ne donne pas. Parfois, on amène l'enfant en République centrafricaine et il disparaît. Et lorsque les enfants atteignent l’âge de 14, 15 ou 16 ans, ils s'échappent. Et ils viennent rejoindre les autres à N'Djaména“, a-t-il raconté.

Esclave dans son pays

S’ils ne poursuivent pas leur voyage jusque dans les mines d’or de l’extrême-nord du Tchad, la plupart de ces jeunes se font ensuite embaucher comme domestiques par des familles aisées à N’Djaména et dans les principales villes de l’arrière-pays. 

Ces jeunes hommes sont souvent sous-payés, voire brutalisés et violés, selon le juriste Jean-Bosco Manga.

"Ce ne sont pas seulement les jeunes filles qui sont violées. Même les garçons sont utilisés comme des objets sexuels par des femmes qui, parfois, en l'absence de leur époux, les utilisent pour satisfaire leur libido", a estimé le juriste.

Cette situation est due à la paupérisation des populations et surtout à la démission des pouvoirs publics, estime Félix Mbété Nangmbatnan : 

"Même les garçons sont utilisées comme des objets sexuels par des femmes" (Jean-Bosco Manga)

"C'est un peu l'échec aussi des politiques publiques. C'est l'échec de l'Etat, vis-à-vis du monde rural. Ce que Jean Ziegler (altermondialiste et sociologue suisse, ndlr) disait, c'est la pauvreté, la misère organisée. Aujourd'hui, quand vous rencontrez un paysan tchadien, vous lui demandez ce qu'il fait (comme travail), il vous dira qu'il ne fait rien. Aujourd'hui, dans beaucoup de villages du Sud ou du Nord, des familles creusent des fourmilières pour trouver à peine trois ou quatre koros de mil (le koro est l'unité de mesure des céréales au Tchad, ndlr) qui sont des réserves des fourmilières. Est-ce que vous trouvez ça normal ?"

Faute d’emplois, une partie des jeunes Tchadiens prend aussi le chemin de l’Europe, via la Libye, après avoir traversé le Sahara, avec les conséquences tragiques qu’on connaît.