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Tchad : mort du président Déby Itno et transition militaire

La rédaction francophone
20 avril 2021

Un conseil militaire a pris le pouvoir au Tchad où le président Idriss Déby Itno est décédé dans des combats contre les rebelles du FACT.

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Idriss Deby Itno, Président du Tchad an 2020
Le président maréchal Idriss Déby avait l'habitude de suivre les troupes régulières sur des fronts de combatImage : Blaise Dariustone/DW

C'est son fils Mahamat Idriss Déby Itno, général quatre étoiles à 37 ans, souvent appelé Mahamat Kaka, responsable de la garde présidentielle, qui a été désigné comme son successeur à Idriss Déby Itno, mort à l'âge de 68 ans. 

Lire aussi : Idriss Déby Itno, 30 ans de pouvoir sans partage

La télévision d'Etat a publié une déclaration du porte-parole de l'armée tchadienne confirmant le décès du président Déby qui s'était personnellement rendu au front ces derniers jours pour combattre les rebelles du FACT.

"On se demande comment le chef de l'État pouvait être en première ligne des combats"

"Le président de la république, chef de l'Etat, chef suprême des armées, Idriss Déby Itno, vient de connaître son dernier souffle en défendant l'intégrité territoriale sur le champ de bataille. C'est avec une profonde amertume que nous annonçons au peuple tchadien le décès ce mardi 20 avril 2021 du maréchal du Tchad", a annoncé le porte-parole de l'armée, le général Azem Bermandoa Agouna, dans un communiqué lu à l'antenne de TV Tchad.

L'armée a également annoncé la dissolution de l'Assemblée nationale et du parlement, ainsi qu'un couvre-feu et la fermeture des frontières. Un conseil militaire de transition (CMT) a été mis en place et a promulgué une charte de transition.

Le CMT a promis l'organisation d'élections "libres et démocratiques" à l'issue d'une "période de transition" de 18 mois. En attendant, il assure garantir "l'indépendance nationale, l'intégrité territoriale, l'unité nationale, le respect des traités et accords internationaux".  

Incursion depuis la Libye

 

Le Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (FACT) avait lancé son offensive depuis ses bases arrières en Libye le 11 avril, jour de l'élection présidentielle au Tchad.

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Samedi (17.04.2021), le gouvernement avait affirmé que l'offensive, dans les provinces du Tibesti et du Kanem, avait "pris fin". Mais des combats ont repris dimanche en fin d'après-midi, selon le général Azem Bermandoa Agouna, porte-parole de l'armée. "La situation est calme en ce moment sur le front", avait-il toutefois déclaré lundi matin (19.04.2021).

Règlement de compte interne ?

"Bien évidemment que l'on ne peut pas se réjouir de la mort d'un chef d'État de la trempe d'Idriss Déby, mais il est clair et net que la règle qui indique que celui qui règne par l'épée périra par l'épée s'applique à Idriss Déby", a réagi l'ancien ministre malien Mamadou Ismaïla Konaté.

La transition militaire est assurée par Mahamat Idriss Déby Itno, fils du président défunt
La transition militaire est assurée par Mahamat Idriss Déby Itno, fils du président défuntImage : Marco Longari/AFP/Getty Images

Le juriste souligne que le président tchadien lui-même "n'avait pas exclu que pour arriver à le renverser, il fallait marcher sur son cadavre (...) Comme tous les chefs d'Etat autoritaires, autocrates et dictateurs, il ouvre le chemin de la violence, de la terreur en se fermant le cadre de la démocratie."

Faustin Facho Balaam, ex-ministre tchadien et réfugié politique croit pour sa part à un règlement de compte. "Je crois que c’est un coup d'État, ce n’est pas la mort au front", estime l'opposant. "Les militaires ne voulaient pas se battre contre leurs frères rebelles, donc [Idriss Déby] est parti avec eux pour les mobiliser. Je crois que c'était un règlement de compte à l’intérieur", affirme-t-il.

Faustin Facho Balaam souligne la "gestion calamiteuse" du président Déby qui "ne voulait jamais négocier. Il voulait instaurer une monarchie". Il appelle de ses voeux une conférence nationale comme en Afrique du Sud et une transition civile: 

"Je crois qu’il faut très rapidement une conférence inclusive regroupant tout le monde y compris ceux qui sont en rébellion et ensuite qu’il y ait un gouvernement mixte, avec la société civile et des politiques qui essaiera de conduire le pays vers des élections véritablement démocratiques."

Crainte des répercussions au Sahel

Pour Thomas Schiller, responsable du programme Sahel pour la fondation allemande Konrad Adenauer, "la mort du président Déby est un coup supplémentaire pour la stabilisation de la région du Sahel dans son ensemble. Ces derniers temps, de nombreux événements ont représenté des reculs en vue de la stabilisation de cette région".

Thomas Schiller, responsable du programme Sahel de la fondation Konrad Adenauer
Thomas Schiller, responsable du programme Sahel de la fondation Konrad AdenauerImage : KAS

Parmi ces événements, Thomas Schiller cite "le putsch au Mali, la situation cahotique qui a suivi les élections au Niger et maintenant la mort de celui qui a présidé si longtemps le Tchad... tout cela va obliger à des efforts supplémentaires pour stabiliser une région de plus en plus difficile".

L'ancien ministre malien Mamadou Ismaïla Konaté redoute lui aussi des conséquences sur la question sécuritaire au Sahel.

"Le Sahel, c'est aussi le G5, avec une forte présence de l'armée tchadienne de près de 2500 hommes sur le territoire du Mali et ailleurs, qui occupent aujourd'hui des espaces territoriaux assez importants et jouent un rôle assez efficace aujourd'hui dans la sécurité de la zone Sahel", s'inquiète-t-il.

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Interrogé sur son analyse de la suite de la vie politique du Tchad après la mort du président Déby, l'expert Thomas Schiller affirme ne pas le savoir pour l'instant. "Il va y avoir de grandes discussions sur l'engagement à venir de la communauté internationale. Pour le Mali, le Niger ou même le Nigeria, la disparition du président Déby est d'abord une mauvaise nouvelle. Car l'insécurité et l'instabilité du Tchad aura des répercussions sur l'ensemble de l'espace sahélien ainsi que dans d'autres pays voisins du Tchad", assure encore Thomas Schiller dans une interview à la DW.