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Richard Tiéné et son documentaire sur l'humanité de Sankara

13 octobre 2021

"Thomas Sankara, un humain" est un documentaire de notre correspondant Richard Tiéné, présenté au Fespaco 2021.

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Interview avec Richard Tiéné, le correspondant de la DW au Burkina Faso, qui présente son documentaire "Thomas Sankara, l'humain" au Fespaco 2021 à Ouagadougou.

"Thomas Sankara, l'humain" en compétition au Fespaco

DW: Richard Tiéné, "Thomas Sankara, l'humain", c'est le film que vous avez réalisé et qui est présenté au Fespaco cette année. Pour commencer, pourquoi ce titre?


Richard Tiéné: C'est un titre polysémique. Premièrement, parce que quand on dit de vous que vous êtes un humain, ça vous dit vous êtes quelqu'un  qui comprend les autres, quelqu'un qui est disponible pour les autres, qui assiste à toutes les activités socialesmais aussi parce que l'humain, biologiquement constitué qu'il est, peut commettre des erreurs "humaines", comme on dit.

>>> A lire aussi : Que retenir de l'héritage de Thomas Sankara?

Ces deux facettes se retrouvent dans le film, celui de Thomas Sankara, ce monsieur, ce chef humainement sociable, mais aussi Thomas Sankara, ce dirigeant qui, parce qu'il doit prendre des décisions et se retrouve confronté à des difficultés.

DW: Ce n'est pas le premier film qui est produit sur Thomas Sankara, mais la particularité de votre documentaire, c'est qu'il y a notamment du slam, du rap, de la danse. Pourquoi ce choix?

Au niveau de l'équipe de production, nous disons que c'est un film de plus, mais pas un film de trop. Et avec la particularité, comme vous le dites, de montrer de la chorégraphie, du slam, du rap. Dedans, ce sont des éléments de style que nous avons voulus dans le film pour intéresser les jeunes qui aiment la musique rap, qui aiment le slam, à connaître l'histoire du leader de la révolution burkinabè. À travers justement ces valeurs artistiques, tout ce qui a un volet artistique autour des films est conçu, produit par nous.

DW: Puisque vous parlez de la jeunesse... pour beaucoup de jeunes sur le continent africain, Thomas Sankara, reste un héros. Quel impact vous souhaitez que votre film ait sur cette jeunesse africaine de 2021?

Les jeunes sont en quête de repères. Ils sont en quête de valeurs identitaires. Thomas Sankara, c'est leur reflet, donc, à travers ce film, l'intention, c'est de leur montrer une partie de la voie à suivre.

Il ne faut pas que nous soyons prétentieux. Voilà un peu comment un leader est arrivé très jeune, qui réussit à son âge à changer la dénomination d'un pays qui passe de la Haute-Volta au Burkina Faso. Et là, il parle à travers un certain nombre de choses et c'est ce que nous, à travers ce film, nous avons voulu faire ressortir.

DW: "Thomas Sankara, l'humain", c'est aussi un film où on retrouve des témoignages inédits, des gens qui étaient très proches de Thomas Sankara. Comment êtes-vous parvenu à convaincre ces gens de témoigner?

Ça a été simple pour moi parce que j'avais déjà interviewé certains pour la radio. Mais ça a été très difficile pour d'autres parce qu'ils ne voulaient pas associer leur image à un documentaire où on va couper au fait des bouts de ce qui a été dit, leur part de vérité. (...) Ça a été encore simple quand on allait dans le village de Thomas Sankara, où nous avons été reçus par le patriarche de la famille. C'était très bien.

DW: Il y a aussi la question des archives. Il y a pas mal d'archives dans votre film. L'accès à ces archives, comment ça s'est fait?

Parfois les archives étaient de très mauvaise qualité, il fallait essayer de les restaurer. Sankara était un bon communicant. Il a tellement communiqué que l'on a pu avoir des archives à l'INA. Il y a pas mal d'archives qui ont été conservées entre les mains du privé. Mais la majorité des archives que nous avons utilisées pour ce film sont les archives de la télévision nationale du Burkina.

On nous a reproché, par exemple, le fait de ne pas avoir Blaise Compaoré dans le film. Même s'il a présidé le Burkina depuis le 15 octobre 1987, Blaise Compaoré s'est très peu prononcé sur le monde et Thomas Sankara.

DW: Puisque vous parlez de Blaise Compaoré, justement, un mot sur le procès pour faire la lumière sur les circonstances de l'assassinat de Thomas Sankara et celui de ses compagnons. C'est un procès sans Blaise Compaoré. Quel regard portez-vous sur cette procédure judiciaire?

Blaise Compaoré peut ne pas être là, mais il y a d'autres témoins qui sont là qui donneront leur version des faits. L'héritage de Thomas Sankara, c'est la dignité. La première version de notre film a été autoproduite grâce aussi au truchement d'un grand frère. Il nous a accompagnés en nous donnant quelques moyens parce qu'il était content qu'on dise que non, on ne veut pas de financements extérieurs, parce qu'on voulait que le film s'inscrive dans un certain idéal qui réponde aux idéaux véhiculés par Thomas Sankara. Mais il faut s'ouvrir au monde. On a reçu des aides qui nous ont permis effectivement de boucler notre film, nous sommes reconnaissants, même à la Deutsche Welle, nous disons merci.