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Une appli contre le coronavirus fait bouillir l'Allemagne

1 avril 2020

Une idée lancée par le ministre de la Santé Jens Spahn pour lutter contre le Covid-19 fait débattre : qu'est-ce qui est le plus important? Le principe de précaution ou la protection de l'Etat de droit?

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Image : Imago Images/Sven Simon/F. Hoermann

Sur le papier, l‘idée peut paraître bonne : utiliser les données collectées par les téléphones portables pour lutter contre le coronavirus. Et pourtant, depuis qu’elle a été mise sur la table par le ministre de la Santé, cette idée provoque une controverse en Allemagne. Un débat qu'on pourrait résumer ainsi: faut-il donner la priorité au principe de précaution ou à l’Etat de droit ?

Ce dont on parle

Tout a commencé par une proposition lancée par Jens Spahn, le ministre allemand de la Santé (CDU).
L’idée serait d’utiliser le bornage des téléphones portables, les positions GPS ou le bluetooth pour retracer avec précision les déplacements et les contacts d’une personne contaminée avec d’autres gens.

Ces personnes pourraient alors être à leur tour alertées qu’elles ont été en contact avec un malade durant les sept jours précédents.

Österreich Wien Coronavirus Maskenpflicht im Supermarkt
Dans un supermarché de Vienne, en AutricheImage : picture-alliance/AP/H. Fohringer

La poignée de main numérique

Un modèle pourrait être ce qui se fait en Autriche, où la Croix rouge met à disposition l’application "Stop Corona".
Celle-ci enregistre les rencontres d’une personne avec d’autres détenteurs de smartphones quand ces contacts durent plus de quinze minutes et se font à deux mètres de distance.
C’est ce qu’on appelle la "poignée de main numérique".

Si les deux personnes sont d’accord, leurs identités d’utilisateur sont enregistrées et si l’une ou l’autre des personnes tombe malade du Covid-19, ses contacts répertoriés au cours des deux jours précédents sont prévenus et priés de se placer en quarantaine.

Un système de notifications est aussi à l’étude pour qu’un message s’affiche sur le téléphone de quelqu’un qui approche d’un porteur du Covid-19, y compris dans l’espace public.

Screenshot App PEPP-PT
Le groupe PEPP-PT veut garantir la protection des données à l'échelle européenneImage : pepp-pt.org

Nécessaire protection des données

Ces propositions soulèvent néanmoins de nombreuses questions sur la protection des données : peut-on, dans une démocratie, "traquer" des citoyens à leur insu parce qu’ils sont suspectés d’être contaminés ?

Comment savoir si quelqu’un est atteint du Covid-19 s’il n’a pas été testé positif ? Et peut-on divulguer ses données et sa maladie à des tierces personnes sans son accord ?

Sur la base du volontariat

Ulrich Kelber (SPD), chargé de la protection des données au sein du gouvernement fédéral, rassure ceux qui craignent que les Allemands soient obligés de recourir à cette application : cela se ferait sur la base du volontariat. 
La ministre de la Justice, Christine Lambrechts (SPD), a déclaré la même chose chez nos confrères de Deutschlandfunk.

Pour augmenter les chances que les citoyens allemands permettent un tel accès à leurs données personnelles, il faut cependant trouver le moyen de garantir leur anonymat et de détruire ces données rapidement, qu’elles ne soient pas stockées.

Symbolfoto Corona-App
Plusieurs applications mobiles existent déjà pour lutter contre le Covid-19Image : imago images/Hans Lucas

Coopération européenne

Des chercheurs de plusieurs pays européens ont déjà jeté les bases d’une première application qui pourrait être opérationnelle dès la mi-avril.

Le député écologiste Konstantin von Notz a accepté de tester lui-même cette application. Il a fait part au quotidien Die Welt de sa satisfaction, affirmant avoir été alerté qu’il avait été en contact sans le savoir avec un malade, ce qui lui a permis de faire plus attention.

Le gouvernement allemand espère mettre à jour grâce aux nouvelles technologies comment se forment les chaînes de contamination. 

La caserne Julius Leber, à Berlin, a mis une cinquantaine de soldats de la Bundeswehr à disposition de l’Institut Fraunhofer. Les chercheurs peuvent ainsi tester sur ces soldats leurs avancées en matière d’application pour smartphone.

Le Fraunhofer coopère notamment avec des scientifiques de l’Institut Robert Koch pour mettre au point au plus vite un logiciel qui fonctionne dans tous les pays européens.

En Chine, les téléphones servent aussi à combattre la maladie
En Chine, les téléphones servent aussi à combattre la maladieImage : Reuters/Tingshu Wang

Ce qui se fait ailleurs

La Chine et la Corée du Sud ont mis en place de nombreuses initiatives. Les autorités y utilisent les images de caméras de surveillance pour épier les déplacements et les contacts sociaux des malades.

Singapour utilise l’application "Trace together"  avec le même objectif.

Les autorités russes ont indiqué ce mercredi avoir développé une application pour surveiller les personnes placées en quarantaine. 

Celle-ci permet de savoir si les habitants de Moscou qui ont été contaminés par le Covid-19 respectent bien l’interdiction qui leur est faite de sortir. L’application est encore en cours d’essai dans Moscou. 


Des chercheurs sont aussi en train de mettre au point dans la capitale russe un système de code-barres QR : chaque habitant pourrait s’enregistrer en ligne pour obtenir son code QR personnel qu’il pourrait faire scanner lors des contrôles de police pour justifier de ses déplacements pour aller faire des courses ou se rendre à la pharmacie.