Une nouvelle stratégie de lutte anti-djihadiste au Sahel
14 janvier 2020Les présidents des cinq pays membres du G5 Sahel, Roch Marc Christian Kaboré (Burkina Faso), Ibrahim Boubacar Keïta (Mali), Mohamed Ould Cheikh el-Ghazouani (Mauritanie), Mahamadou Issoufou (Niger) et Idriss Déby (Tchad) ont convenu au cours du sommet de Pau de renforcer leur coopération militaire contre les djihadistes.
Les chefs d'Etat ont signé une déclaration commune dans laquelle ils ont exprimé leur "souhait de la poursuite de l'engagement militaire de la France au Sahel".
Nouvelle Coalition pour le Sahel
Le sommet de Pau a également décidé de la création d’un nouveau cadre de lutte contre le terrorisme baptisé Coalition pour le Sahel, rassemblant les pays du G5 Sahel, la France (à travers l’opération Barkhane et ses autres formes d’engagements), les partenaires déjà engagé ainsi que tous les autres pays et organisations qui voudront y contribuer.
Ce nouveau cadre reposera sur quatre piliers : stratégie militaire, formation des armées des pays du Sahel, retour de l’Etat et des administrations et développement.
Emmanuel Macron a également annoncé l'envoi de 220 hommes supplémentaires pour renforcer l’effectif des troupes françaises de l’opération Barkhane, composée de 4.500 hommes.
Reconnaissance africaine
En dépit des menaces de retrait des troupes américaines dans le Sahel, les pays du G5 Sahel ont exprimé leur reconnaissance à l'égard de l'appui crucial apporté par les Etats-Unis et ont souhaité qu’il puisse continuer.
"C'est un allié important que nous devons sauvegarder" a déclaré Roch Marc Christian Kaboré, le président du Burkina Faso, par ailleurs président en exercice du G5 Sahel. Leur désengagement "serait une mauvaise nouvelle pour nous", a ajouté pour sa part Emmanuel Macron. "J'espère pouvoir convaincre le président Trump que la lutte contre le terrorisme se joue aussi dans cette région".
Colère d'Emmanuel Macron
Répondant á une question posée par un journaliste malien sur les critiques formulées par une partie de l’opinion malienne sur le manque d’efficacité des soldats français, Emmanuel Macron a dénoncé avec colère les discours hostiles à la politique française au Sahel.
"Les discours que j'ai pu entendre ces dernières semaines sont indignes" parce qu'ils servent d'autres intérêts, soit ceux des groupements terroristes, soit ceux d'autres puissances étrangères qui veulent simplement voir les Européens plus loin, parce qu'elles ont leur propre agenda, un agenda de mercenaires", a lancé le président français qui a ajouté: "Moi je sais qui est tombé pour la sécurité des Maliennes et des Maliens, des Nigériens et des Burkinabè: des soldats français", faisant référence aux 41 militaires français tués au Sahel depuis 2013.
Actions militaire conjointes
Les dirigeants présents au sommet de Pau ont décidé de coordonner avec plus d’efficacité leur action militaire en la concentrant sur la zone des trois frontières (Mali, Niger, Burkina), et en visant en priorité l'EIGS (Etat islamique au Grand Sahara).
Cette coordination s'effectuera "sous le commandement conjoint de la force Barkhane et de la force conjointe du G5 Sahel", peut-on lire dans la déclaration commune.
Dîner de travail
Le sommet de Pau a pris fin par un dîner de travail auquel s'est joint le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, et le président du Conseil européen, Charles Michel.
L’attaque de Chinégodar
La rencontre de Pau a eu lieu quelques jours seulement après la sanglante attaque djihadiste du camp de Chinégodar au Niger, près de la frontière avec le Mali.
89 soldats nigériens ont été tués. Selon l’ONU, plus de 4.000 personnes ont été tuées dans des attaques terroristes en 2019 au Burkina Faso, au Mali et au Niger.
Un nouveau sommet réunissant les Etats membres du G5 Sahel et la France aura lieu en juin 2020 à Nouakchott pour évaluer les actions menées. C’est pourquoi le président burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré, appelle à "des résultats probants et rapides": nous jouons tous la crédibilité de chacun de nos pays et de la coalition".